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Emmanuel Macron est-il en train de rater sa rentrée ?

Un article rédigé par Stéphane Vernay - RCF, le 2 septembre 2024 - Modifié le 2 septembre 2024

LE POINT DE VUE DE STEPHANE VERNAY - Il n’y a pas que les enfants qui retournent à l’école aujourd’hui. Ce lundi 2 septembre est aussi un jour de rentrée politique. Et il y en a un qui est en train de la rater : Emmanuel Macron, qui a attendu tout l’été pour désigner un nouveau Premier ministre. Trois mois après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, on n’y est toujours pas, estime Stéphane Vernay.

Stéphane Vernay est le directeur de la rédaction du quotidien Ouest France à Paris ©DRStéphane Vernay est le directeur de la rédaction du quotidien Ouest France à Paris ©DR

À priori, le président devrait prendre une décision dans les heures qui viennent. Ses conseillers auraient voulu qu’il fasse son choix dans le courant du week-end, avant la rentrée, mais Emmanuel Macron a souhaité consulter encore avant de nommer un nouveau Premier ministre. On a appris hier qu’il recevrait Bernard Cazeneuve ce matin, Xavier Bertrand cette l’après-midi, de même que les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy.

Bernard Cazeneuve pressenti à Matignon

Le doute plane donc encore un peu sur le nom du futur chef du gouvernement, qui pourrait être soit Bernard Cazeneuve, soit Xavier Bertrand, avec une préférence pour le premier. L’entourage d’Emmanuel Macron plaide en effet pour le choix d’une personnalité perçue par l’opinion  comme étant « de gauche », mais qui ne suivra pas à la lettre le programme du Nouveau Front populaire, coalition pourtant arrivée en tête des élections législatives. Bernard Cazeneuve, dernier Premier ministre de François Hollande correspond au profil : il a quitté le Parti socialiste en 2022, parce qu’il était en désaccord avec la création de la NUPES, l’alliance avec la France Insoumise ne lui convenant pas.

Le coup de pression

Mais pourquoi recevoir Xavier Bertrand, François Hollande et Nicolas Sarkozy si Bernard Cazeneuve est déjà choisi ? Parce que le Président de la République veut nommer un nouveau Premier ministre de cohabitation qui suivra une politique différente de la sienne, mais pas trop, et qui ne sera pas censuré par l’Assemblée à la peine nommé. Et là, c’est pas gagné. La gauche a largement fait savoir qu’elle n’acceptera pas la nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon, même si une partie des socialistes le soutient. Inviter Xavier Bertrand, dont une partie de la droite ne veut pas non plus à Matignon, est une façon de mettre un petit coup de pression sur chacun des deux camps, en mode « si vous ne voulez pas d’un Premier ministre issu de vos rangs, on ira chercher dans le cap d’en face ». Les deux anciens présidents de la République sont conviés, eux, pour convaincre le PS et Les Républicains de mettre un peu d’eau dans leur vin. Les consultations avec les chefs de partis ayant échoué, Emmanuel Macron cherche l’appui de ses prédécesseurs, en espérant que leurs voix portent au sein de leurs familles politiques respectives.

Une stratégie gagnante ? 

Pas sûr. La proximité des futures élections présidentielles perturbe les échanges. À droite comme à gauche, nombreux sont ceux qui pensent pouvoir gagner en 2027 à condition de se démarquer totalement du pouvoir actuel. Ceux-là ne voudront ni discuter, ni négocier quoi que ce soit. Pas question de s’entendre, de travailler à un quelconque compromis, encore moins envisager ne serait-ce que le début d’une alliance. Quitte à bloquer le pays. Cette logique du pire n’est peut-être pas minoritaire, mais ce sont ses partisans qu’on entend le plus en ce moment de tensions. Il faudra pourtant bien qu’Emmanuel Macron se décide à avancer. Il est plus que temps qu’il fasse sa rentrée…

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