La Banque de France a publié mardi 14 janvier un rapport sur les chiffres du surendettement et ils sont alarmants. Le nombre de dossiers de surendettement a bondi de 10,8 % en 2024 par rapport à 2023.
La Banque de France a reçu l’an dernier 134.803 dossiers de surendettement. Ce nombre reste cependant inférieur à celui de 2019, année de référence avant la pandémie de Covid19, même si de nouveaux profils apparaissent.
“Le surendettement peut concerner tout le monde, on ne peut pas faire de portrait-robot d'une personne surendettée”, affirme Pauline Dujardin déléguée générale de l’association Crésus. En effet, les raisons sont nombreuses et peuvent survenir de façon inopinée. Lorsque l’on évoque le surendettement, le stéréotype principal est la surconsommation liée aux crédits. “Les banques et les magasins rivalisent d'ingéniosité pour inventer des crédits toujours plus faciles et appétissants” analyse Fabrice Messoumian, président de l’association Le Hérisson à Toulouse. Il alerte surtout sur les crédits revolving, les LOA (locations avec option d’achat) ou LDD (locations à durée déterminée), qui sont un gouffre financier en cas de revenus faibles.
Le coût de la vie ne cesse d’augmenter et ses aléas ne sont pas sans conséquences. Pauline Dujardin révèle que “la plupart des dossiers de surendettement qui sont déposés sont liés à des accidents de la vie.” Un licenciement, un accident, un divorce ou la retraite peuvent modifier les revenus et accentuer les dettes. Fabrice Messoumian évoque les conséquences sociales et monétaires des séparations en insistant sur des “familles de plus en plus éclatées, où les enfants vont plus loin des parents. Cela entraîne des complications pour se faire aider lorsqu'on est en difficulté, les dépenses sont multipliées et l’on se retrouve seul.” Mais ce qui dénote cette année, selon l’association Crésus, c'est le nombre croissant de personnes en situation de surendettement n’ayant pas de crédits. Pauline Dujardin indique : "que des dossiers sont déposés uniquement pour des charges contraintes comme le loyer, l'électricité, le chauffage, etc.” L’inflation est passée par là.
“Les personnes surendettées sont souvent des gens qui sont restés seuls avec leurs problèmes pendant des mois, voire des années. Souvent, il y a un sentiment de honte et de culpabilité” confie Fabrice Messoumian. Pour les accompagner, l’association de lutte contre le surendettement Le Hérisson vise en priorité l’écoute. Fabrice Messoumian précise “qu’il est important de les laisser parler, de leur expliquer que ce n'est pas grave et qu'ils ne sont pas seuls”.
“On trouve toujours des solutions aux problèmes financiers”. L’accompagnement est essentiel pour voir le bout du tunnel et un dossier de surendettement en est la première étape. Pauline Dujardin spécifie que le dépôt de ce dossier à la Banque de France “est une démarche volontaire individuelle de la part de la personne concernée.” La procédure est sur mesure et s’adapte aux ressources de chacun pour “réaménager ou effacer les dettes selon le budget de la personne”, développe Pauline Dujardin. Une procédure sans contestation dure environ 6 mois, sinon, ce sont les délais de la justice, plus longs. Ensuite, l’assainissement des finances peut prendre plus ou moins de temps selon le montant des dettes et les capacités de remboursement”, précise-t-elle.
Gérer son argent est une tâche qui s’apprend, ou pas, au cours de la vie. Fabrice Messoumian regrette qu’il n’y ait pas une véritable éducation à l’argent dans les écoles pour sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge à la gestion d’un budget.
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