A Bordeaux, la solidarité avec les ukrainiens ne faiblit pas.
Des familles de déplacés sont déjà arrivées dans la région bordelaise, accueillies notamment par l’Église évangélique ukrainienne. Celle-ci est composée d’environ 70 personnes qui participent au culte le dimanche après midi, dans les locaux de l’Église baptiste. Le pasteur Viktor Volovii a lancé un appel à la prière et à la solidarité la semaine dernière, dans un message vidéo.
Entretien.
Il existe une Eglise évangélique ukrainienne à Bordeaux, qui se réunit dans les locaux de l’Église baptiste. Plus que quiconque, ses membres s’impliquent dans l’accueil des déplacés qui arrivent d’Ukraine. Entretien avec le Pasteur Viktor Solovii, arrivé en France avec sa famille en 2017.
RCF : Quelle sont les nouvelles de vos proches qui sont en Ukraine ?
Viktor Solovii : Je suis originaire du Donbass, dans le sud est du pays (NDLR : la région marquée par des affrontements avec les indépendantistes en 2014). Mon père, ma mère, trois de mes sœurs et mon frère sont restés là-bas avec les enfants. J’ai une autre sœur à Odessa qui m’a rejoint sur Bordeaux, avec son mari et ses cinq enfants, au terme d’un voyage de 2700 km en voiture. Tout le monde a été très choqué par la situation et nous échangeons plusieurs fois par jour avec ceux qui sont sur place. Nous leur téléphonons ou échangeons par internet.
« J’ai demandé aux membres de l’Église
de ne pas parler politique dans l’Eglise»
RCF : Vous êtes pasteur de l’Église ukrainienne à Bordeaux, qui rassemble environ 70 fidèles. Est-ce que vous évoquez la situation en Ukraine avec eux ?
Viktor Solovii : J’ai demandé aux membres de l’Église de ne pas parler de politique dans l’Eglise. On parle à Dieu, à Jésus-Christ, mais ce n’est pas notre mission de parler politique. On se recentre sur Jésus-Christ, source de notre tranquillité.
RCF : Quelles actions de solidarité mettez-vous en place ?
Viktor Solovii : Avec les membres de l’Église, nous prions et nous préparons les places pour accueillir les familles qui arrivent dans la région. Certaines sont nombreuses avec trois, cinq ou neuf enfants. Ce sont de grandes familles. Il nous faut donc trouver des logements et des vêtements car ils sont venus avec peu de bagages. J’ai de nombreux contacts en Ukraine avec des personnes qui me demandent si elles peuvent venir. Pour l’instant nous accueillons dix familles mais d’autres vont arriver au fur et à mesure.
RCF : Etes vous en contact avec certaines Eglises ukrainiennes en particulier ?
Viktor Solovii : Oui, on est en contact avec plusieurs Eglises ; elles sont nombreuses en Ukraine. Les protestants représentent 2,5 % de la population ukrainienne répartis dans 2500 Eglises. Les orthodoxes sont beaucoup plus nombreux. Certaines Eglises vivent des situations difficiles comme à Mariupol où il n’y pas d’électricité, pas de réseau internet. Elles nous ont demandé de l’argent pour pouvoir acheter de l’alimentation. Des bénévoles s’organisent dans des Eglises pour distribuer de l’eau, des vivres.
Je crois que Jésus-Christ teste en ce moment les chrétiens ukrainiens. Comment agissons-nous avec nos proches, comment aidons-nous ?
RCF : Sur le plan spirituel, comment soutenez-vous les ukrainiens ?
Viktor Solivii : Nous avons mis en place une chaîne ininterrompue de prière pour que des chrétiens prient pour l’Ukraine à tout moment de la journée. Nous demandons à Dieu d’arrêter la guerre pour vivre en paix. Sur place, les chrétiens savent que nos prions, cela leur donne du courage pour passer ce temps. A travers cette guerre, Dieu peut nous aider à aimer nos ennemis comme c’est écrit dans la Bible. C’est un test car c’est facile à dire mais quand ça arrive dans ta vie, c’est vraiment très dur.
RCF : Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?
Viktor Solovii : Je suis triste, nous prions mais je n’ai pas de mots pour ça. J’ai peur pour ma famille mais je crois que Dieu va les protéger.
Regards sur l'actualité est l’émission de la rédaction de RCF Bordeaux. Chaque semaine, des acteurs de la vie religieuse, politique, culturelle et sportive débattent sur des sujets d’actualité.
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