Frappée par la hausse des taux d'intérêt, la Silicon Valley Bank, banque américaine spécialisée dans le financement des startups californiennes, a fait faillite vendredi 10 mars. "Je ne vois pas de risque de contagion" du secteur bancaire français, a voulu rassurer Bruno Le Maire lundi. Le ministre de l'Economie vantait notre "système bancaire solide" et nos banques plus "diversifiées" qu'outre-Atlantique.
"La semaine dernière, et notamment jeudi, une quarantaine de milliards d'euros ont été demandés par les startups californiennes", retrace Nicolas Darbo, consultant au sein du cabinet de conseil en finance et stratégie Accuracy. "Évidemment, la banque n'était pas capable de donner cela, elle n'avait pas le cash nécessaire pour faire face à ces demandes de retrait. Donc elle a été obligée, dans l'urgence, de céder une partie des bons du Trésor qu'elle avait achetés. Le problème est que, entre le moment où elle les a achetés et aujourd'hui, les taux ont beaucoup augmenté : la FED a augmenté les taux de plus de 3%. Et les bons du Trésor, quand les taux montent, leur valeur baisse", explique l'expert du secteur bancaire.
"Un des problèmes principaux de SVB, c'est qu'elle était très peu diversifiée : elle prêtait principalement aux startup de la Silicon Valley. Les banques françaises, toutes, sont très diversifiées donc, si un moment donné, une partie des clients, une secteur donné, est en crise, ce n'est pas forcément le cas des autres", décrypte-t-il. "La deuxième différence, c'est la réglementation en Europe, qui est quand même plus dure pour les banques".
En 2008, la crise des subprimes, partie des Etats-Unis, avait eu des répercussions mondiales catastrophiques. "Ça rappelle immédiatement septembre 2008, quand Lehman Brothers est lâché par le gouvernement américain qui veut faire un exemple, et derrière ça déclenche une crise cataclysmique comme on n'en a pas vu depuis les années 1930", alerte Nicolas Darbo. "On sait que la faillite d'une banque peut avoir des effets systémiques sur l'ensemble du secteur financier mondial, et derrière nécessiter des interventions des Etats sur des montants juste hors de proportions".
En Europe, les dépôts garantis jusqu'à 100 000 euros
Il nuance cependant le risque, en se fondant sur les différences qui existent entre les réglementations américaine et européenne. "Dans le cas de SVB, la garantie des dépôts était en théorie de 250 000 dollars. Le problème pour SVB, c'est que 97% de ses clients avaient plus de 250 000 dollars à la banque", expose-t-il. "En Europe, on a un système qui permet de garantir les dépôts jusqu'à 100 000 euros. Pour les particuliers, ça couvre, je pense, 99% des cas".
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