Le syndicat Sud-Rail et la CGT appellent les contrôleurs de la SNCF à faire grève ce week-end de vacances du 17 et 18 février. Les agents mobilisés veulent que leur métier soit davantage reconnu à la fois sur le plan financier et sur le plan statutaire. La question de l’attractivité du métier de contrôleur est donc posée.
“Les contrôleurs ont l’impression de se faire avoir” assène d’emblée Fabien Villedieu, délégué syndical Sud-Rail. Il fait référence aux acquis et aux accords qui ont suivi le mouvement social de 2022. Selon les grévistes, certaines mesures n’ont pas été appliquées comme la présence de deux contrôleurs minimum dans chaque rame de TGV, “une revalorisation mensuelle de 150 à 200 euros de prime de travail” ou encore la reconnaissance de la pénibilité du métier de contrôleur. “Nous pouvons travailler 7j7, travailler pendant les vacances, se réveiller à 4 h du matin pour les TGV qui partent à 6 h, faire des horaires décalés pendant toute la carrière“ liste Fabien Villedieu
Ce qui pèse, ce sont surtout les astreintes, les horaires, la relation à la clientèle qui peut parfois être agressive
“C'est un métier qui est moins attractif du fait des rythmes de travail, 365 jours par an, avec les week-ends, les vacances” confirme Gilles Dansart, rédacteur en chef du site Mobilettre et spécialiste du transport ferroviaire. C’est la deuxième fois après 2022 que la profession se mobilise de façon catégorielle, c'est-à-dire sans le reste des métiers du groupe. Avec un suivi important annoncé à 70 % voir 90 %.
“Ce qui pèse, ce sont surtout les astreintes, les horaires, la relation à la clientèle qui peut parfois être agressive et de plus en plus ces dernières années” résume Gilles Dansart. Cette reconnaissance de la pénibilité doit également avoir un impact sur la retraite pour les grévistes qui demandent à pouvoir partir plus tôt. “Mais au sein de la SNCF, ce n'est pas le seul des métiers pénibles, beaucoup sont aussi en trois-huit ou avec des alternances repos-travail avec des rythmes compliqués” rappelle notre expert des transports.
Au-delà de la pénibilité, mais quand même lié, intervient la question des salaires. “Comment fait-on pour augmenter les contrôleurs de plus de 11 %, alors qu’ils ont déjà eu 500 euros d’augmentation en deux ans ?” s’interroge Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF. Pour tenter de désamorcer la grève en pleine vacances de février, la direction a décidé de faire un geste significatif : le versement d’une prime supplémentaire de 400 euros en mars pour les cheminots. Mais les contrôleurs réclament une mesure plus pérenne.
Le salaire est-il de nature à nuire à l’attractivité du métier ? “C'est très difficile de donner des chiffres parce qu'il y a beaucoup de rémunérations variables en fonction des nuits passées en dehors de sa résidence, en fonction des distances, en fonction des trafics, etc…” prévient Gilles Dansart. Il tente quand même de donner une estimation. Selon lui : “en début de carrière, on est évidemment à moins de 2 000€ et en fin de carrière, avec les primes, avec les gratifications d'ancienneté, etc, on peut arriver à 4 000€”. “ Mais il n'y a pas de salaire moyen facile à expliquer” insiste l’expert.
Ce qui est certain, c’est que les contrôleurs réclament une meilleure reconnaissance au sein d’une entreprise qui fonctionne bien. “On parle d’un groupe qui a déclaré 2,4 milliards de bénéfice en 2022 et les contrôleurs veulent mieux profiter du fruit de toutes ces richesses créées et qu’on reconnaisse ainsi la pénibilité de leur métier” conclut Fabien Villedieu.
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