L'épidémie de grippe s'est intensifiée au retour des fêtes. Depuis début janvier, les hospitalisations ont atteint un niveau "exceptionnellement élevé" comparé aux saisons précédentes, selon Santé publique France. Devant l'afflux de malades dans leurs urgences, une centaine d’hôpitaux ont déclenché un "plan blanc". Ce dispositif permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congé. Pour bien comprendre les ressorts de l'épidémie de grippe en cours, Étienne Pépin reçoit ce matin Antoine Flahault, épidémiologiste, directeur de l'Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'Université de Genève.
Si la couverture vaccinale est légèrement meilleure que l'an dernier, elle reste "faible", avec un peu plus de 10 millions de doses anti-grippe distribuées à ce jour.
Le virus de la grippe est caractérisé par deux grandes caractéristiques, explique Antoine Flahault : sa transmissibilité et sa sévérité. La sévérité est évaluée par le taux d'hospitalisation et de mortalité des suites de la contraction de la maladie. "On ne peut pas dire qu'il soit supérieur cette année aux autres années", souligne l'épidémiologiste. À contrario, cette année, la transmissibilité du virus, c'est-à-dire l'amplitude de l'épidémie, est plus importante que l'année dernière. "Comme il y a plus de gens atteints, les hôpitaux sont un peu surchargés. Lorsqu'il y a une épidémie saisonnière un petit peu importante, on observe ce type de saturation hospitalière."
Comme il y a plus de gens atteints, les hôpitaux sont un peu surchargés. Lorsqu'il y a une épidémie saisonnière un petit peu importante, on observe ce type de saturation hospitalière.
Le directeur de l'Institut de santé globale observe cette année une épidémie d'une taille plus importante en comparaison avec la taille moyenne des épidémies. À l'exception de l'année du Covid avec le confinement, il y a des épidémies de grippe qui surviennent chaque année, au moins depuis que le virus est surveillé depuis 1984. Antoine Flahault précise que c'est chaque hiver que l'on peut observer un pic épidémique dont la taille varie selon les années. "Lorsque la taille de l'épidémie, c'est-à-dire le nombre de personnes atteintes par le virus, est plus important, ça concerne 5 à 10 % de la population." 80 % des personnes qui vont à l'hôpital ne sont pas vaccinées. Selon l'épidémiologiste, un afflux de personnes fragiles, souvent âgées, touchées par le virus se rend à l'hôpital et peut décéder des suites de complications.
Cette année, deux souches de la grippe circulent, des virus A qui sont les plus virulents, et sont toutes deux présentes dans la composition du vaccin. Antoine Flahault explique ainsi que lorsque l'on est vacciné, on est protégé des formes les plus sévères. "On peut être vacciné et avoir la grippe, mais généralement, quand on est vacciné, on ne fait pas de formes graves." Les formes graves sont contractées par des personnes qui ont des vulnérabilités telles que des comorbidités : insuffisance cardiaque, respiratoire… "Les personnes âgées, notamment les personnes très âgées, peuvent aussi souffrir particulièrement d'une infection virale", met en garde l'épidémiologiste.
On peut être vacciné et avoir la grippe, mais généralement, quand on est vacciné, on ne fait pas de formes graves.
La couverture vaccinale reste insuffisante face à cette épidémie, car la grippe n'a jamais été considérée comme une maladie très sévère. "Il n'y a pas un sentiment de gravité, comme quand il y a eu la pandémie de Covid, où les gens se sont fait massivement vacciner parce qu'ils avaient très peur." Le vaccin contre la grippe, n'étant pas efficace à 100 % et devant être renouvelé chaque année, peut rendre les personnes réticentes à la vaccination. "Chez les personnes âgées, c'est dommage parce que c'est quand même un vaccin qui n'est pas du tout douloureux, qui n'a pas d'effet indésirable et qui est remis gratuitement à toutes les personnes de plus de 65 ans", déplore Antoine Flahault.
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