Emmanuel Macron est en déplacement en Guyane ce lundi et mardi. Depuis presque 30 ans, le département est en proie aux orpailleurs illégaux. Cette exploitation clandestine de l’or entraîne des conséquences environnementales et sanitaires graves.
Dès son arrivée en Guyane ce lundi, Emmanuel Macron commencera sa visite par un hommage au major Arnaud Blanc. Ce gendarme du GIGN avait été tué, il y a tout juste un an en pleine forêt guyanaise, lors d’une mission de lutte contre l'orpaillage illégal, menée dans le cadre de l’opération Harpie.
De 6 000 à 10 000 orpailleurs clandestins, venus principalement du Brésil travailleraient illégalement en Guyane.
Cette activité à un très fort impact environnemental et sanitaire. Ces "garimpeiros" utilisent du mercure pour agglomérer l’or. "De très grandes quantités de mercure sont ainsi larguées dans les cours d’eau. Ce mercure se retrouve dans la chaîne alimentaire et contamine les populations locales" explique Marine Calmet, juriste en droit de l’environnement et présidente de l’association Wild Legal. Elle estime à 10 tonnes l'or récolté et 13 tonnes la quantité de mercure relâchée chaque année en Guyane. Mais ce n’est pas le seul impact. "En détruisant les berges pour chercher les paillettes, les orpailleurs remettent le sol en suspension dans l’eau et polluent les rivières. Le fleuve Maroni est en train de mourir. Il y a aussi un fort enjeu sur la déforestation" poursuit Marine Calmet.
L’orpaillage clandestin affecte aussi le niveau de délinquance en général. "L’or extrait vient blanchir l’argent de la drogue" souligne Marine Calmet. Chaque année, près de 300 militaires et gendarmes sont mobilisés dans le cadre de l'opération Harpie lancée en 2008.
Selon le dernier bilan de la gendarmerie publié début juillet. Plus de 225 personnes ont été placées en garde à vue en 2023. Selon l’Etat, l’opération permet de "contenir le phénomène et d’en interdire le développement industriel constaté dans les pays limitrophes".
Mais pour six associations environnementales, dont Wild Légal ; cette lutte est insuffisante. Elles ont déposé un recours contre l'Etat au tribunal administratif de Cayenne en janvier 2024. "L’intoxication par le mercure est connue depuis 30 ans, on considère que la France n’a pas répondu à cette problématique et relève d’une carence de l’Etat" souligne Marine Calmet.
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