« On ne joue pas avec la vie, ni au début, ni à la fin ». La phrase lancée par le pape François dans son avion retour est sans ambiguïté. Alors que la France doit trancher sous peu sur la fin de vie, le souverain pontife a profité de sa visite à Marseille pour « interférer » dans les débats, d’après François Mabille, chercheur au CNRS et secrétaire général de la Fédération Internationale des Universités Catholiques.
Une fois de plus, le pape a profité de sa visite à Marseille dans le cadre des Rencontres méditerranéennes 2023 pour rappeler son hostilité totale à toute forme d’euthanasie. « Qui écoute les gémissements des personnes âgées isolées qui, au lieu d'être valorisées, sont parquées dans la perspective faussement digne d'une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ? », s’est-il interrogé lors de son discours au palais du Pharo. Avant de marteler de nouveau dans son avion retour : « on ne joue pas avec la vie ».
Une prise de position qui n’a rien de surprenante car « c’est une tradition chez ce pape de donner [a posteriori] une explication de ses prises de position, de sa parole antérieure », rappelle François Mabille, chercheur au CNRS et spécialiste de l’internationalisme catholique. « Donc là le pape l’a fait avec effectivement des expressions fortes, imagées et il l’a fait effectivement au sujet de ce projet de loi », ajoute-t-il.
Le temps de cette réflexion n’est pas anodin puisqu’elle intervient alors même que les discussions sur la fin de vie doivent reprendre « d’ici à la fin du mois de septembre », avait affirmé Olivier Véran, il y a quelques jours. Le porte-parole assurait alors que le report de la présentation du projet de loi, initialement prévue « d’ici la fin de l’été », n’avait rien à voir avec la venue du pape.
Quand bien même le gouvernement aurait souhaité éclipsé ce sujet, c’est le pape lui-même qui a choisi de le remettre sur la table. « Ça se télescope pour des raisons chronologiques évidentes, sa venue s’inscrit alors même que ce projet de loi est en discussion ; donc là on a une interférence importante », analyse François Mabille.
Pour autant, difficile de dire si cette prise de position du pape aura un impact politique sur le débat. C’est aux députés « de savoir comment ils reprennent ce discours. C’est dans leur for intérieur que cette approche du pape pourra être intégrée ou pas », estime le chercheur. Bien qu’il « doute fort que les députés prennent le risque d’évoquer une référence à l’approche du pape dans un discours public, pour cause de laïcité ».
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