Pékin assure que ce sont les Jeux olympiques les plus verts de l’histoire, grâce à l'utilisation d'énergies renouvelables. Mais dans la région aride où doivent se dérouler les épreuves de ski alpin, deux millions de mètres cubes d’eau sont nécessaires pour recouvrir les pistes de neige 100% artificielle.
Loin du rêve affiché au départ, les Jeux olympiques d’hiver de Pékin (du 4 au 20 février), font plutôt figure de rendez-vous maudit. Entre stratégie "zéro Covid", boycottage diplomatique et coût écologique, rarement on aura aussi peu parlé de sport à l’approche du plus grand rendez-vous sportif de la planète pour les sports d’hiver.
Les images sont frappantes : sur les pistes qui doivent accueillir les épreuves de ski alpin ou celle de biathlon, la neige est là… mais 100% artificielle. Près de 350 canons à neige ont été mobilisés. L’ONG China Water Risk dénonce une aberration écologique et assure qu’il a fallu l’équivalent de 800 piscines olympiques pour assurer l'enneigement.
Le manque de neige sur les sites olympiques était pourtant à prévoir. Le site choisi pour la descente (neuf remontées et 25 kilomètres de pistes), au nord-ouest de Pékin, est en effet connu pour son froid mais aussi pour sa sécheresse hivernale. De fait, le massif montagneux qui entoure la station de Yanqing est actuellement vierge de tout flocon. On est donc loin du rêve vendu par les vidéos promotionnelles chinoises avec des paysages recouverts de neige.
"Organiser des JO dans cette région est une aberration, c'est irresponsable, dénonce de son côté la géographe Carmen de Jong, de l'université de Strasbourg, interrogée par l'AFP. Comme l'idée est de créer des stations de ski, il va falloir pomper de l'eau pour fabriquer de la neige. Elles ne peuvent pas fonctionner naturellement."
Ce constat n’empêche pas Pékin d’assurer que ces Jeux olympiques seront les plus verts de l’histoire car toute l’électricité utilisée serait d’origine éolienne ou solaire. Sont notamment mis en avant les 14 millions de kilowatts par heure qui seraient produit par une forêt d’éolienne installée à Zhangjiakou, deuxième site en dehors de Pékin, situé à 180 km au nord-ouest ouest de la capitale et où auront lieu les épreuves de ski nordique.
Selon l'exécutif chinois, les montagnes environnantes sont recouvertes de panneaux solaires d'une capacité additionnelle de sept millions de kilowatts/heure tandis que 33.000 hectares de forêt et de végétation ont été plantés depuis 2014 pour compenser les émissions de carbone.
Reste que ce constat pose la question plus large de la pérennité des Jeux olympiques d’hiver. Si l’édition 2022 est la première de l’histoire à reposer à 100% sur de la neige artificielle, les Jeux de Pyeongchang, en 2018, en Corée du Sud avaient déjà utilisé de la neige de culture à 90%, tandis que ceux de Sotchi en Russie en 2014 affichaient aussi 60% au compteur. On se souvient également, en 2010, lors des JO d’hiver de Vancouver que de la neige avait été acheminée par hélicoptère, depuis les sommets avoisinants, pour certaines épreuves.
Selon une étude de l'université canadienne de Waterloo, publiée mi-janvier, si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites de façon à atteindre les objectifs de l'accord de Paris, à la fin du siècle, une seule des 21 anciennes villes-hôtes, Sapporo, au Japon, disposerait de conditions assez fiables pour accueillir les JO d'hiver. Selon eux, la température moyenne en février dans les villes-hôtes est passée de +0,4°C pour la période 1920-1960 à +3,1°C entre 1960 et 2000 et à +6,3°C depuis le début du nouveau millénaire.
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