C’était la réforme la plus attendue de son pontificat. Le pape François a promulgué samedi la nouvelle constitution de la Curie romaine, "Praedicate Evangelium" ("Annoncez l’Évangile"). Il y est question des finances de l'Église, de la place des laïcs, de la lutte contre la pédocriminalité... Un texte qui, pour les observateurs, transforme la gouvernance de l'Église.
C’était la réforme la plus attendue de son pontificat, le pape François a promulgué samedi la nouvelle constitution de la curie romaine, "Praedicate Evangelium" ("Annoncez l’Évangile"). À partir du 5 juin, elle remplacera la constitution "Pastor Bonus", publiée par Jean Paul II en 1988. À travers ses 250 articles, "Praedicate Evangelium" transforme largement la gouvernance de l’Église catholique avec une priorité : l’évangélisation et quelques principes essentiels, comme la synodalité et la charité. Loup Besmond de Senneville, le correspondant de La Croix au Vatican, nous explique l’esprit de cette réforme de la curie romaine.
La nouvelle constitution affirme que la curie romaine doit être au service de l’évangélisation. "La réforme n’est pas une fin en soi, mais un moyen de donner un témoignage chrétien fort, de favoriser une évangélisation plus efficace", peut-on lire dès le début de la nouvelle constitution du Vatican.
Le pape François a donc décidé de la création d’un dicastère pour l’évangélisation, qu’il présidera lui-même. Un dicastère situé au sommet de l’organigramme de la Curie romaine. Il remplacera à cette place, la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui deviendra le dicastère pour la doctrine de la foi.
"Cette réforme de la Curie romaine, c’est une réforme de l’esprit même de la curie romaine", explique Loup Besmond de Senneville sur RCF. La Curie ne doit plus seulement être au service du pape, mais de l’Église universelle. Au service des évêques, des conférences épiscopales et des fidèles à travers un principe cher au pape François, la synodalité, c’est-à-dire de consultation large avant de prendre des décisions.
La Curie romaine sera désormais un lieu où pourront remonter des idées et des préoccupations du terrain jusqu’au pape. Ainsi, plus qu’un symbole, la constitution "Praedicate Evangelium" donne une plus grande place aux laïcs (hommes et femmes) qui pourront dorénavant prendre la tête d’un dicastère, devenir préfet d’un dicastère, c'est-à-dire un ministère du Vatican. Le pape François dans la nouvelle constitution affirme que ce n’est plus l’ordination qui rend compétent mais le fait même d’être appelé par le pape.
Priorité depuis le début du pontificat de François, la charité, le service des pauvres est un principe central de cette constitution "Praedicate Evangelium". Le pape a d’ailleurs décidé de la création d’un tout nouveau dicastère pour le service de la charité qui remplace donc l’aumônerie apostolique.
Ce dicastère aura pour rôle d’ordonner les dons du pape, du Vatican à l’égard des personnes en précarité. Le pape le défini en ces termes : "Une expression particulière de la miséricorde et, à partir de l’option pour les pauvres, les vulnérables et les exclus, il réalise des œuvres d’assistance et d’aide en leur faveur dans n’importe quelle partie du monde au nom du Pontife romain qui, en cas de besoin particulier ou d’autre nécessité, s’occupe personnellement de l’aide à apporter."
Autre priorité du pontificat de François, la lutte contre la pédocriminalité. Ainsi la commission pontificale de protection des mineurs, créée en 2014 par le pape François, est mise sous la responsabilité du dicastère pour la doctrine de la foi pour l’officialiser et la renforcer considérablement.
La commission pontificale aura pour mission d’instruire les dossiers de prêtres et de religieux accusés de violences sexuelles sur les mineurs ou les personnes vulnérables. Elle aidera les évêques et instituts religieux pour apporter "une réponse appropriée à de tels comportements de la part du clergé et des membres d’instituts de vie consacrée et de la vie apostolique, selon les normes canoniques et en tenant compte des exigences du droit civil".
Le pape François acte un certain nombre de décisions qui ont été prises depuis son élection en 2013 et qui avaient déjà été lancées par Benoît XVI avant lui. La mise en ordre des finances de la Curie romaine avait déjà commencé avec la création d’un secrétariat pour l’économie, un ministère des finances. Un outil d’administration du budget, de prévision, de contrôle des finances. Ce secrétariat devient aussi l’organe de gestion du personnel de toute la Curie romaine.
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