L'Église catholique traverse une grave crise, et les récents scandales et révélations ne font qu'aggraver une situation tendue dans un contexte de déchristianisation. Justement, tous les fidèles ont deux ans pour construire l'Église de demain en participant au synode sur la synodalité. L'expression peut paraître obscure mais elle dit bien l'Église que souhaite le pape François.
C’est peu de dire que l’Église catholique, et en particulier l’Église de France, traverse une crise. La démission de Mgr Aupetit, le rapport de la Ciase… pour les observateurs il est tentant de voir que l’Église de France est sur le point de s’effondrer comme Notre-Dame de Paris en 2019. Mais on peut aussi voir avec Mgr Alexandre Joly, "des éléments de vitalité, des forces vives". "La France est la fille aînée de l’Église. Ce n’est pas la plus fidèle, mais c’est le lieu de créativité. De créativité humaine, pastorale et spirituelle", a dit le pape à une vingtaine d’évêques de France, le 23 septembre dernier.
La crise que traverse l’Église n’est cependant pas faite que de scandales. Dans les pays occidentaux le nombre de prêtres est en chute libre et la pratique religieuse suit la même courbe. L’enjeu de ce synode est important : il faut notamment penser le rôle des laïcs, la place des femmes et la mission des prêtres dans des sociétés déchristianisées.
La synodalité est la réponse pour combattre le cléricalisme
En octobre dernier, le pape François a donc ouvert un synode sur le thème : "Pour une Église synodale : communion, participation et mission". Il s’achèvera en octobre 2023 par une rencontre des évêques du monde entier à Rome. "On a un bon temps, plus de deux ans, pour préparer, vivre et célébrer le synode", complète Mgr Alexandre Joly. Évêque auxiliaire du diocèse de Rennes, il est le responsable pour la France de la commission d’accompagnement et de coordination de ce synode.
Avant cela, il y a déjà eu un synode la famille en 2014 et 2015, un synode des jeunes en 2018, et un synode sur l’Amazonie en 2019. Si, depuis 1965 et la fin du concile Vatican II, on parle de "synode des évêques", le pape François a élargi le cercle des personnes invitées à participer au synode. "L’Église a une dimension synodale depuis l’origine, considère Mgr Joly, parfois mise en avant, parfois au second plan." Avec ce synode sur la synodalité, le pape veut "que l’ensemble de l’Église universelle soit en synode".
Dans sa Lettre au peuple de Dieu, publiée en août 2018, le pape François le disait, il a "besoin de tout le monde" pour mettre en œuvre les changements nécessaires dans l'Église. Avec cette lettre, le souverain pontife demandait notamment de combattre le cléricalisme. Or, "la synodalité est la réponse pour combattre le cléricalisme", explique Monique Baujard. Membre de Promesses d'Église, la théologienne s’est lancée dans ce collectif créé en réponse à la lettre du pape. Il qui rassemble une quarantaine d’organisations catholiques, de tendances et de sensibilités variées, qui, toutes, comptent prendre part au synode sur la synodalité.
Au lieu de "synode", on aurait pu choisir le terme "consultation", surtout si l'on veut parler au plus grand nombre de fidèles. Mais, étymologiquement, "synode" signifie "marcher ensemble", en grec. Un terme difficile à traduire si l'on entend garder cette signification. Si on ne peut le traduire, "il faut donc le vivre", a déclaré en réponse le cardinal Mario Grech, secrétaire général du synode des évêques. Plus qu'une consultation, ce que le pape souhaite c'est vivre, avec tous les fidèles, une expérience "de communion en tension vers la mission", explique Mgr Joly.
"Le pape se rend bien compte que sur le terrain les gens ne comprennent pas ce qu’est cette Église synodale qu’il souhaite." Pour Monique Baujard, "ce synode sert à expliquer ce que ça veut dire, synode et synodalité… Il faut qu’on fasse l’expérience, localement, dans nos différents lieux d’Église, de marcher ensemble, prêtres et laïcs, hommes et femmes, jeunes et vieux". Les diocèses du monde entier ont jusqu’à octobre 2023 pour mobiliser les fidèles. Sauront-ils saisir la main tendue du pape François ?
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !