On en trouve partout où il y a de l’électronique. Les semi-conducteurs font partie de notre vie quotidienne depuis de nombreuses années. "Ce sont des puces électroniques qu’on appelle semi-conducteurs car ils permettent de conduire ou pas l’électricité. On va les trouver dans tous les produits électroniques, téléphones comme voitures. Ces produits peuvent être tout petit comme la taille d’un brin d’ADN", précise Mathilde Aubry, économiste et enseignante chercheuse à l'EM Normandie, spécialiste du secteur des semi-conducteurs.
Ces fameuses puces sont en rupture de stock. À l’échelle mondiale, actuellement toutes les industries qui les utilisent sont plus ou moins handicapées. "On a eu besoin de se rééquiper en outils informatiques. Il y a une grosse tension sur la demande. Mais aussi sur l’offre. Les semi-conducteurs sont produits majoritairement en Corée du Sud et à Taïwan", explique Mathilde Aubry.
80 % des semi-conducteurs sont produits en Asie. Le Japon et surtout la Chine fabriquent des puces majoritairement conçue à l’étranger. Et justement, une autre raison à cette pénurie sont les tensions entre Pékin et Washington. L'administration Trump avait interdit en octobre dernier l'exportation de produits américains vers la Chine. "C’est la question du transfert de technologie et d’éviter que la Chine ne copie les brevets. À la fin du mandat de Trump, il y a eu une très grande entreprise chinoise qui a été accusée d'avoir capter la technologie d'une société américaine. Cette société aujourd'hui ne peut plus produire", rappelle Jean-Noël Vieille, chef économiste chez HPC. La Chine veut aquérir une autonomie dans la fabrication des semi-conducteurs pour s’assurer une souverainté nationale.
Faute de composants, certains nouveaux modèles de consoles de jeux comme la PS5 ou la Xbox sont devenus introuvables. Ensuite, partout dans le monde, les chaînes de fabrication des constructeurs automobiles tournent au ralenti ou sont à l'arrêt. "On les retrouve dans différents équipements, de sécurité, de confort. L'industrie automobile est beaucoup plus dépendante de ces semi-conducteurs qu’il ya 20 ans. Le risque c'est qu'elle soit mise en difficulté dans la chaîne d'approvisionnement et dans le montage de ces voitures", affirme Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem de l’automobile.
Il n'y aura pas d’amélioration avant 2022, affirme Jean-Noël Vieille. Les investissements nécessaires à l’ouverture d’usines se chiffrent en milliards d’euros. Cela prend du temps. Il y a des enjeux de compétences et d’innovations très forts avec des puces de plus en plus petites. Enfin, ce marché décidement très compliqué est divisé en deux catégories d’industriels. "Très rares sont les entreprises qui arrivent à concevoir les puces et à les produire", indique Mathilde Aubry.
Sur la question, l'Europe est en retard même si elle possède des arguments avec notamment le leader franco-italien STmicro. La commission européenne a présenté cette semaine un plan stratégique et les contours d’une alliance entre industriels et chercheurs pour develloper la filière. Objectif : doubler la production pour atteindre les 20 % à l’échelle mondiale. C’est un enjeu de souveraineté. "C'est un enjeu de savoir qui va être le leader technologique dans le monde. Il faut que l'Europe se réveille", lâche Jean-Noël Vieille. 7 à 8 milliards d’euros seraient sur la table. Les Européens auraient intérêt à se focaliser sur des produits à haute valeur ajoutée.
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