Élisabeth Borne semble vouloir faire de la "planification écologique" l’un des marqueurs de l’action de son gouvernement. De quoi s’agit-il ?
Il y a aujourd’hui un consensus sur la nécessité d’agir pour l’environnement. Par ailleurs, les solutions existent, notamment technologiques avec la voiture électrique, les pompes à chaleurs, les panneaux photovoltaïques, etc. La question qui se pose est donc celle de l’orchestration, comment mettre en œuvre ces mesures.
La planification écologique est un outil d’organisation, déjà utilisé par exemple en Suède ou au Pays-Bas. Ce n’est pas une idée nouvelle ; Jean-Luc Mélenchon la soutenait déjà en 2009, mais ce n’est que lors de la dernière campagne présidentielle qu’elle s’est véritablement imposée.
La planification écologique repose sur trois ingrédients. Premièrement, elle consiste à se doter d’objectifs à moyen et long terme, c’est-à-dire au-delà de l’horizon des mandats électifs. Ces objectifs doivent non seulement être ambitieux, mais ils doivent également être vu comme des impératifs.
Deuxièmement, la planification doit être un outil d’arbitrage. La transition fera des gagnants et des perdants. La planification doit permettre de réaliser les concertations nécessaires entre acteurs, et parfois de trouver des solutions de compensation.
Troisièmement, la planification écologique vise à établir la séquence des investissements, publics et / ou privés, puis à en réaliser le suivi, étape par étape, pour s’assurer de la bonne réalisation du plan.
Depuis quelques années des lois qui s’apparentent à de la planification, telle que la directive cadre sur l’eau. Mais l’objectif aujourd’hui est d’aller beaucoup plus loin et d’avoir une application systématique. A titre d’illustration, Emmanuel Macron promettait 10 milliards d'euros supplémentaires pour la transition écologique dans son programme présidentiel. Certains observateurs font remarquer que cela ne sera pas efficace si l’on dépense dans le même temps plusieurs dizaines de milliards pour soutenir des secteurs polluants ou carbonés.
C’est pour cela que le Haut Conseil pour le Climat propose que chaque loi votée par le parlement fasse l’objet d’une évaluation scientifique, afin de déterminer dans quelle mesure sa mise en œuvre faciliterait ou au contraire s’opposerait à la réalisation des objectifs environnementaux. Pour conclure, on peut souligner que davantage encore que la recherche de financements, ce sont peut-être les institutions à mettre en place qui vont demander les plus grands efforts de créativité.
Répondre aux défis environnementaux nécessite de se concerter, entre acteurs, sur chaque territoire et donc de passer des contrats de transition, qui requièrent l’inclusion des corps intermédiaires et des citoyens. Tout autant qu’un mécanisme économique, la planification écologique doit être cet outil politique qui permet l’apparition du consensus.
Chaque vendredi à 7h20 dans la matinale, Vincent de Féligonde, chef du service économique et social de La Croix, et Marc Pourroy, économiste et maître de conférences à l'Université de Poitiers, livrent leur analyse sur l'économie en France et dans le monde.
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