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La Transnistrie, un ovni géopolitique dangereux ?

La Transnistrie, un ovni géopolitique dangereux ?

Un article rédigé par Jean-Baptiste Labeur - RCF, le 6 mars 2024  -  Modifié le 18 mars 2024
Le dossier de la rédaction La Transnistrie : un ovni géopolitique dangereux ?

Emmanuel Macron reçoit son homologue moldave jeudi 7 mars. Nul doute que la question de la Transnistrie sera au menu. Cette région de la Moldavie a fait sécession depuis 30 ans. La Russie garde toujours un œil dessus. Il y a une semaine, les séparatistes pro-russes de Transnistrie ont demandé la protection de Moscou, suscitant l’inquiétude du gouvernement moldave et des Occidentaux. 

Un parc de Tiraspol la capitale de la Transnistrie en 2021. Crédit photo :  / Hans Lucas. Un parc de Tiraspol la capitale de la Transnistrie en 2021. Crédit photo : / Hans Lucas.

Emmanuel Macron reçoit jeudi 7 mars la présidente moldave, Maia Sandu, pour un déjeuner de travail. Selon l’Elysée les deux chefs d’Etats doivent notamment signer un accord de coopération de défense et une feuille de route pour la coopération économique. Cette invitation intervient une semaine après une demande de protection adressée à Moscou par les séparatistes pro-russes de Transnistrie, cette région de l'est de la Moldavie. Cette demande ressemble étrangement à celle des séparatistes du Dombass en 2014 qui avait amener à la guerre actuelle en Ukraine.

Un confetti vestige de l'ex URSS

La Transnistrie est une étroite bande de terre longue d’environ 150 km sur la rive gauche du fleuve Dniestr, frontalière du sud-ouest de l’Ukraine. 
"La Transnistrie est un vestige de l’ancienne URSS. En 1991, la république socialiste soviétique de Moldavie oscille entre quitter l’URSS ou réintégrer la Roumanie. En Transnistrie une partie des minorité choisies alors de faire sécession. En 30 ans, ce territoire moldave n’a jamais été sous le contrôle de Chisinau" rappelle Florent Parmentier, secrétaire général au Cevipof, enseignant à Sciences Po et co-auteur de "la Moldavie à la croisée des mondes."

Un conflit gelé depuis 30 ans 

Lorsque la Transnistrie a proclamé son indépendance aucun membre de l'ONU, pas même la Russie ne l'a reconnu. En mars 1992, débute la guerre du Dniestr, d’un côté les forces transnistréennes de l’autre l’armée régulière moldave avec un bilan de 2 000 morts. Un cessez-le-feu figera ce conflit pour 30 ans. La population de presque 500 000 habitants, est composée environ pour moitié de Russes, mais aussi de Moldaves et d’Ukrainiens. En 2006, les habitants de ce territoire avaient approuvé à 97,1 % le rattachement à la Russie sans réaction de Moscou. La demande des prorusses intervient aujourd'hui dans le contexte de la guerre en Ukraine, mais avec des enjeux internes à la Moldavie. "A la fin de l’année, la Moldavie va élire un nouveau président. Maia Sandu va se représenter et entends organiser un referendum sur l’adhésion à l’UE dont la demande a été faite en 2022" rappelle Carole Grimaud, chargée de cours en géopolitique de la Russie à l’université Paul Valéry. 

Vers une guerre hybride? 

Moscou pourrait donc chercher à perturber ce scrutin. "La Russie est accusée de financer l’opposition et d’espionner la classe politique moldave" souligne Florent Parmentier. Il penche pour l’hypothèse "d’une guerre hybride sous le seuil de conflictualité", mais estime que "la Russie n’a pas les capacités de commencer un conflit armé depuis la Transnistrie." La Russie dit étudier la demande de protection. L’armée russe maintient 1500 soldats sur place, officiellement une force de maintien de la paix.

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Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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