En cette période de campagne présidentielle, le périmètre accordé au religieux fait débat. Nombreux sont ceux qui demandent plus de considération pour les croyants. Quelle place donner aux religions dans la société ? La loi de 1905 sur la laïcité devrait-elle être actualisée ? Toutes les religions sont-elles solubles dans la République ?
Les Hijabeuses, un collectif créé en mai 2020 pour défendre le droit des joueuses de football de porter le voile suscite l’enthousiasme et la critique. Si la question du voile divise c’est parce qu’il "cristallise les questions de rapport entre religion, identité, culture et société et questionne les relations hommes-femmes, aujourd’hui en mouvement et en tension", explique Éric Vinson, enseignant en science politique. Éric Anceau, historien et maître de conférence à Sorbonne Université, nous rappelle qu’en 1992, "l’athlète algérienne Hassiba Boulmerka, avait refusé les injonctions de son gouvernement à porter l’hijab. Ça avait été perçu dans le monde arabe comme une émancipation pour les femmes".
Le port du foulard et des signes religieux en milieu scolaire interroge particulièrement. La loi de 2004 a proscrit le port de signes ostensibles à l’école. Pour Françoise Lorcerie, directrice de recherche émérite au CNRS, beaucoup de problèmes subsistent encore de nos jours : "Les professionnels de l’école ont pu être en souffrance car ils passaient leur temps à surveiller les tenues, à être des policiers de la laïcité." Éric Anceau précise que "des études sociologiques ont montré que la loi de 2004 a permis à des jeunes filles d’aller au collège de manière émancipée et qu’elles ont mieux réussi leurs études".
Qu'est-ce que la laïcité ? Pour Éric Vinson, c'est "la régulation démocratique des faits religieux et convictionnels et l’application des droits de l’homme dans le domaine religieux". Pourtant comme le rappelle Éric Anceau, la laïcité existe dans d’autres pays et prend des formes différentes. Selon lui, "la laïcité garantit la liberté de conscience et marque le refus de l’assujettissement de l'État et de la société à une religion".
La loi contre le séparatisme du 24 août 2021 "change considérablement la vision de la laïcité de 1905, parce que l'État s'immisce maintenant dans les lieux de culte", explique l'historien. Françoise Lorcerie raconte qu’il est difficile "pour les musulmans d’organiser leur religion dans la France actuelle car il y a une politique intrusive dans l’organisation de l’islam". Elle rappelle aussi que la nouvelle loi "prive de perspective d’emploi les musulmanes qui portent le foulard". Pour finir, Éric Vinson affirme qu’en "interdisant les religions sur la place publique, on pousse les gens à une forme de radicalisation".
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