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Le bulot va-t-il disparaître des côtes de la Manche ?

Un article rédigé par Gareth Liron - RCF Calvados-Manche, le 22 février 2024 - Modifié le 22 février 2024
L'invité du soirLe bulot est-il en train de disparaître des côtes de la Manche ?

Longtemps plébiscité à l’apéro pour son prix défiant toute concurrence, le prix du bulot a largement grimpé, pouvant flirter avec celui des huîtres. Le mollusque est en mauvaise santé à cause du réchauffement climatique.

Le bulot de la Manche peine à se reproduire à cause du réchauffement climatique ©Jacqueline Macou PixabayLe bulot de la Manche peine à se reproduire à cause du réchauffement climatique ©Jacqueline Macou Pixabay

Vous l’avez peut-être remarqué si vous êtes un amateur du gastéropode : le prix du bulot a été multiplié drastiquement atteignant parfois les 15 € le kilo contre 3 € il y a encore quelques années. Une augmentation liée à la raréfaction de la ressource. Le bulot peine à se reproduire à cause du réchauffement climatique nous explique Laurence Hegron Mace, chercheuse responsable du pôle pêche du centre de recherche du SMEL : « Le bulot aime l’eau froide et se reproduit l’hiver. On a pu suivre plusieurs scénarios climatiques et nous avons démontré que dans le scénario le plus chaud, il n’y avait quasiment pas de ponte ». Difficile pour le bulot de continuer à se reproduire quand la température moyenne des océans a grimpé d'un degré et demi ces dernières années d’après un rapport du GIEC. 

 

Difficulté à se reproduire, difficulté à survivre

 

En plus d’avoir des difficultés à se reproduire, le bulot peine aussi à survivre à la saison estivale. Chaque été, il existe une période de coupure, c’est-à-dire une période où les bulots s'enfouissent pour esquiver la chaleur plus importante. Ces phases se sont allongés ces dernières années avec une arrivée du froid plus tardive. Enfoncé dans le sable, le bulot se nourrit moins voire plus du tout. Il entre ainsi dans la période de pêche en étant faible et maigre, explique Lucile Aumont du comité normand des pêches : « Quand les bulots montaient quand même dans les casiers, il y avait beaucoup de mortalité et beaucoup n’étaient même pas consommables ». Un bateau de pêche ramène aujourd’hui en moyenne 300 kg par jour alors que les quotas sont fixés à 600 kg.

 

Aujourd’hui, aucune des deux expertes ne sait quel est l’avenir du bulot dans les eaux de la Manche. Aucun moyen de savoir s'il réussira à s'acclimater aux changements climatiques et l’espèce ne migre pas. En plus de la disparition de la ressource, un autre risque guette les pêcheurs locaux. Un bulot pêché dans des eaux plus froides et lointaines, notamment dans les eaux irlandaises, pourrait débarquer dans les criées françaises.
 

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