Début mai, le Grand Lyon a annoncé investir dans la foncière solidaire SNL Prologues. À terme, cela doit permettre de réemployer ou de racheter des logements vacants pour le louer à des personnes en situation de grande précarité à des prix défiants le marché. Voici comment est-ce que cela va fonctionner.
Réinvestir ou racheter des logements vacants pour les réhabiliter et le louer à des personnes sans abri ou précaires, c’est l’objectif du nouveau partenariat entre la Métropole de Lyon et la SNL-Prologues, une foncière solidaire lancée en 1995 et basée en Île-de-France. Le Grand Lyon, très convaincu par la philosophie de cette foncière, s’y est associé sous la forme d’une société coopérative et a investi une première enveloppe de 200.000€ début mai, afin de lancer le projet.
Ce projet doit répondre à "deux problèmes", selon Renaud Payre, le vice-président en charge de l'habitat du logement social et de la rénovation thermique : "nous avons à la fois un problème pour loger l'ensemble des habitants et des habitantes de la métropole mais plus particulièrement les plus modestes. […] Et puis le deuxième problème, c'est que nous avons aussi des biens vacants". Le nombre de logements vacants est estimé à 1,2% du parc privé dans la métropole, soit entre 40000 et 50000 logements, beaucoup trop pour le vice-président. Utiliser ces logements vacants pour loger des personnes démunies lui est donc apparu comme une solution idéale.
Dans un premier temps, l’objectif de cette nouvelle société coopérative va être de rassembler des fonds pour financer la recherche et l'achat de logements mais aussi leur mise aux normes. Pour cela, la SNL Prologue et la Métropole ont imaginé un modèle "inédit" qui se veut "sobre" afin de ne pas reposer uniquement sur les financements de la Métropole ou de la foncière, explique Bertrand Lapostolet, directeur de SNL Prologues.
Pour convaincre les institutionnels et les particuliers d’investir, "il faut montrer qu’on sait faire". Et pour montrer des réalisations, sans devoir investir du capital, la société coopérative compte s’appuyer sur des logements déjà disponibles, en l’occurrence les bâtiments vacants appartenant à la Métropole et à certaines communes. Ces premières opérations qui commenceront dès cette année doivent permettre « d’amorcer le système ». Pour le moment, le Grand Lyon a identifié 36 biens vacants dans son parc et espère en trouver une centaine.
Mais la Métropole de Lyon et la foncière solidaire nourrissent des ambitions plus grandes que cette centaine de logements. Le Grand Lyon se s'est fixé un objectif de 350 logements dans une première phase. Et pour cela, il compte racheter des biens immobiliers vacants à des propriétaires privés, et ce à des prix sous le marché. Un pari ambitieux mais cela n’inquiète pas Bertrand Lapostolet qui voit plusieurs avantages à céder son logement à la foncière solidaire : "on peut être un acheteur intéressant à plusieurs titres", assure-t-il.
D’abord, il espère que certains propriétaires seront motivés par la nature du projet et puis surtout, il estime que cela peut arranger ceux dont les biens "sont des passoires thermiques ou ne sont pas aux normes de performance énergétique et donc qui ne pourront bientôt plus les louer sans faire des travaux très importants". Et le directeur de SNL-Prologues d’ajouter : "on a aussi une particularité intéressante pour des particuliers qui vendent un logement qui n'est pas leur résidence principale, c'est qu'on est labellisé à divers titres par l'État et à ces titres là, le vendeur particulier qui vendra à la future foncière, sera exonéré de la fiscalité sur la plus-value".
Une fois que ces logements seront rachetés, rénovés par la foncière, des associations prendront le relais pour valider la localisation des logements et identifier les bénéficiaires. Dans la métropole, quatre d'entre elles ont accepté de rejoindre le projet : Le Mas, Alinéa, l'Armée du Salut et le foyer Notre-Dame-des-Sans-Abris.
Amaury Dewavrin, le président de cette dernière association, est "très satisfait" du projet qu’il juge "bon à prendre" pour lutter contre le sans-abrisme. "Pour nous, il est absolument nécessaire de saisir toutes les occasions puisque le foncier est limité et les constructions sont totalement insuffisantes", estime-t-il. Et même si l’objectif des 350 logements ne règlera pas tout, il permettra tout de même selon lui de loger une personne à la rue sur six, un bon début.
La métropole espère que la foncière solidaire prendra son envol d'ici la fin de l'année 2024. Dans la foulée, un appel public à l'épargne sera lancé pour que les particuliers puissent investir à leur tour dans la société coopérative et ainsi épargner, voire pour être représentés dans la gouvernance.
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