Moi président je rendrai l’Europe meilleure. Moi président, je ferai en sorte que l’avenir soit plus rose et le ciel moins sombre -et à Bruxelles cette promesse n’est jamais tenue- Moi président j’attaquerai des réformes qui vont révolutionner l’avenir du monde. Et puis surtout moi président je vais glisser au passage une ou deux priorités pour faire avancer mon pays… Vous vous rappelez de cette anaphore désormais célèbre du débat présidentiel de 2012 ? Et bien à Bruxelles c’est tous les 6 mois que l’on y a droit ! Un Etat membre prend la présidence tournante de l’Union européenne et préside les réunions sectorielles des ministres européens : agriculture, intérieur, économie… Depuis le 1er janvier et avant de laisser la place aux Autrichiens c’est au tour des Bulgares de définir l’agenda et de faire en sorte que les compromis politiques se fassent.
On peut être dubitatif sur la valeur ajoutée d’un Etat membre, car depuis le Traité de Lisbonne il existe une présidence permanente du Conseil européen, les chefs d‘état et de gouvernement. C’est Donald Tusk le polonais qui conclut son second mandat. C’est un rôle hybride mais qui a dans certains dossiers fait ses preuves pour trouver des compromis diplomatiques : faire signer toutes les parties alors que les esprits se crispent.
Mais la présidence tournante c’est différent. Déjà les Etats membres sont plus ou moins équipés pour l’assumer. Cela à un coût et au faste d’une présidence française, italienne ou allemande qui mettent les petits plats dans les grands, on voit des présidences plus modestes obligées d’appeler à la rescousse des fonctionnaires des institutions européennes pour les aider à faire face aux dossiers à gérer. D’autre part, le calendrier législatif est une contrainte. Les textes sont proposés par la Commission puis votés par le Parlement européen qui négocie avec les ministres. La présidence tournante peut freiner ou accélérer sur certains sujets mais en pratique le tempo lui est imposé. D’ailleurs, on appelle trio la succession de 3 présidences qui s’accordent pour faire avancer les dossiers de façon coordonnée. Une présidence seule est généralement bloquée.
Deux éléments positifs de ces présidences demeurent extrêmement importants. Le premier est que cela permet à un pays européen de devenir le président de l’Union. Ce n’est pas anodin. Cela créé un sentiment d’appartenance, une responsabilité, mais aussi une visibilité. C’est souvent l’occasion de mettre en lumière le patrimoine et la culture de pays parfois récemment entrés dans l’Union. Le second avantage, c’est que cela mobilise l’administration nationale qui se tourne exclusivement vers l’Europe et qui par conséquent doit s’approprier les sujets mais aussi les codes. Mais, trop de présidents nuit à la clarté des responsabilités. Seules la Roumanie et la Croatie n’ont jamais exercé ce rôle. Ce sera à leur tour en en 2019 et en 2020. A l’heure où chacun réfléchit à l’avenir de l’Europe et à simplifier la gouvernance, peut être que l’on pourrait se pencher sur la pertinence de maintenir ce rôle à l’avenir.
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