L’idée de faire du vélo à Paris peut effrayer, les rues de la capitale étant étroites et régulièrement embouteillées. Mais lorsque l’on s’y essaie, les pistes cyclables rendent aussitôt le trajet plus agréable. Bilook, un cycliste "vélotafeur" les arpente chaque jour. 17 kilomètres aller et retour entre son travail à Paris et son domicile dans le Val d’Oise. Il partage ses trajets sur les réseaux sociaux. Depuis quelques années, il a constaté une nette différence avec des pistes cyclables plus larges et plus nombreuses. Cela lui permet de gagner au moins trente minutes vis-à-vis du temps en transports en commun. C'est aussi un plaisir : "le vélo c’est mes souvenirs de gamin. Certains matins, quand il y a une belle lumière et que j’entends les oiseaux qui chantent dans le bois de Boulogne, ça me ramène à ce sentiment".
Beaucoup de Parisiens ont adopté le vélo récemment, lors des grèves de transports et après le confinement, avec pour première motivation la rapidité, permises par les pistes cyclables. Depuis le confinement, près de 50 kilomètres de pistes ont été créés à Paris, notamment sur la rue de Rivoli dans le Ier arrondissement.
Le travail doit encore toutefois avancer pour permettre d’inciter davantage de Parisiens à prendre leur vélo. "Ce qui est important c’est d’avoir un effet réseau, d’avoir des pistes cyclables continues. Si on a des petits bouts à droite à gauche, ça ne va pas marcher. C’est comme si vous preniez une ligne de métro et qu’entre deux stations on vous dit de descendre du métro et de marcher parce qu’on n’a pas fait d’infrastructures. Il va falloir combler ces trous", explique Camille Hanuise, directrice de l'association Paris en selle qui veut promouvoir le vélo à Paris.
Mais ces pistes sont victimes de leur succès, engendrant des problèmes. Beaucoup sont très embouteillées comme celle du boulevard Sébastopol. Elles sont aussi étroites et donc pas très confortables pour le flot de cyclistes. Et qui dit plus de vélos dit aussi plus d'accidents. Leur nombre a augmenté de 30% depuis janvier à Paris.
Des tensions peuvent également naître avec les automobilistes. La ville de Paris, en voulant attribuer plus de place aux vélos, réduit celle des voitures. Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, regrette cette politique de la ville qui pousse à cette opposition. "On a une vision qui voudrait que tout ce qui pollue doit sortir des villes. Il faut arrêter de jeter l'opprobre sur ceux qui ont décidé d’avoir un autre mode de vie", affirme-t-il.
La mairie de Paris veut s’inscrire dans une démarche respectueuse de l’environnement. Elle a d’ailleurs organisé dimanche dernier la journée sans voiture, avec pour objectif de respirer mieux dans la capitale qui connaît des épisodes de pollution. La ville veut équilibrer la place accordée aux cyclistes, aux automobilistes et aux piétons. Les voitures "doivent circuler à leur juste place, en utilisant un espace réduit, juste et équilibré, permettant d’autres usages sur l’espace public", affirme David Belliard, adjoint à la mairie en charge des transports.
L'acte 2 du plan vélo devrait être dévoilé dans les prochains mois. Au programme : la pérennisation des nouvelles pistes cyclables créées pendant le confinement et la création de nouvelles. La ville devra aussi s’atteler à une question essentielle, celle du vol des vélos, très récurrents. Des parkings sécurisés devraient également voir le jour.
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