Christophe Ventura est chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'Amérique Latine. Il estime que le pays traverse une période de 'combustion très forte' depuis l'élection de Nicolas Maduro en 2013. La polarisation politique du Venezuela, déjà très forte sous Hugo Chavez est aujourd'hui extrême entre les deux camps qui s'affrontent.
Cette nouvelle configuration peut être désignée comme 'une guerre civile de basse intensité', pour Christophe Ventura. Les population sont divisées, entre les foyers d'opposition concentrés dans les quartiers ouest de Caracas, le reste de la ville est plutôt calme, ainsi que les quartiers populaires, même si certains de leurs habitants participent au mouvement. Les États du pays les plus à droite du pays sont aussi des foyers d'opposition.
Une grande majorité de la population ne participe pas au conflit. C'est notamment le cas des zones les plus rurales du pays, même si ces populations sont touchées par la crise, elles ne participent pas à l'opposition violente au président Nicolas Maduro comme cela peut être le cas ailleurs dans le pays.
L'opposition vénézuelienne n'est pas unifiée. Elle regroupe des dizaines de courants, allant d'une 'extrême droite très dure' jusqu'à des partis que l'on peut rattacher à la 'social-démocratie'. Le seul point de ralliements des opposants est de faire tomber Nicolas Maduro avant la fin de son mandat l'année prochaine. L'opposition n'a pas de leader qui s'impose, même si le parti Volonté Populaire semble se mettre en avant.
Le dialogue sera difficile. Pour Christophe Ventura, l'opposition ne souhaite pas négocier avec un pouvoir 'qu'elle considère comme une dictature'. Les opposants ont décliné toutes les offres, y compris celles de médiateurs extérieurs comme l'organisation des États d'amérique latine et le Vatican.
Le gouvernement du Venezuela a décidé de se retirer de l'organisation des Etats d'Amérique Latine. Pour le chercheur à l'IRIS, le gouvernement du pays considère cette organisation comme 'ingérante' et 'partie prenante' dans le conflit qui ronge le pays. De plus, il n'y a pas de consensus entre les différents pays de l'OEA. Le Brésil, l'Argentine ou le Pérou jouent pour l'opposition alors que la Bolivie, CUba ou l'Équateur sont plutôt du côté de Nicolas Maduro.
Le Venezuela développe également des relations avec Moscou et Pékin. Les deux puissances soutiennent de manière 'discrète' mais 'attentive' le gouvernement du Venezuela.
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