L’école peut-elle être un lieu pour se rapprocher de Dieu ? Eduquer à la liberté

Un article rédigé par Madeleine Vatel - RCF, le 2 septembre 2024 - Modifié le 2 septembre 2024

Les enseignants pensent-ils avoir un rôle pour aider les élèves à chercher la vérité et à saisir le sens de la liberté ? A l’occasion de la rentrée, l’émission Halte spirituelle dessine le portrait de quelques grands éducateurs qui ont marqué l'histoire spirituelle chrétienne. Exemple avec Saint Thomas d'Aquin et Saint Jean-Baptiste de Lassalle, dans un entretien avec l’auteur et professeur Ambroise Tournyol du Clos. 

Crucifix classe © MaxpppCrucifix classe © Maxppp

Quand l’écrivain Georges Bernanos raconte ses journées d’école, il évoque l’emploi du temps traversé par les messes et l’oraison dans la chapelle. Mais faut-il cultiver une certaine nostalgie du temps des craies et des prières qui rythmaient l’agenda des classes ? Si les grands éducateurs catholiques ont encore beaucoup à nous dire sur ce qui fait grandir les enfants, vouloir reproduire à l’identique de ce qui s’est fait aux siècles derniers serait plutôt anachronique. « A mon avis, cela n'aurait pas beaucoup de sens et ce serait même un peu contraire à l'esprit du christianisme qui est d'abord le génie de l'incarnation », souligne Ambroise Tournyol du Clos, auteur du livre « Transmettre ou disparaître, manifeste d'un prof artisan » publiés aux éditions Salvator. « En effet, ces éducateurs devenus saints sont ancrés dans une époque particulière, avec un certain nombre de principes qui sont historiques et qui sont liés au contexte dans lequel ils ont évolué. Ils ne sont plus forcément les nôtres aujourd'hui ». Autrement dit, ces saints éducateurs appellent plutôt à une imitation dynamique, plutôt qu’à une ressemblance servile. Et méritent que l’on s’inspire d’eux. 


 
Saint Thomas d’Aquin : aider les élèves à persévérer dans la quête de la vérité 

Et si les élèves étaient davantage invités à contempler le monde pour mieux le connaître et saisir Dieu ? Pour Saint Thomas d’Aquin, c’est la recherche de la Vérité qui est fondamentale. Elle se comprend par son parcours intellectuel et spirituel, imprégné de la vitalité de l’ordre dominicain. Et surtout la mission qu’il s’est donné : annoncer ce qu'ils ont d'abord commencé par contempler. « Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement » écrira Saint Thomas d’Aquin dans son ouvrage « la Somme théologique » au XIIIème siècle.

Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement

Pour ce grand théologien, la vérité se trouve par ce mouvement « Adequatio rei et intellectus » c’est-à-dire l'adéquation de l'intelligence avec le monde qui nous entoure. « En partant du réel, en s’appuyant sur l’expérience du monde, on peut, à l'aide de la raison, avancer pas à pas vers la connaissance de la vérité, atteindre la vérité de l'être, métaphysique » résume Ambroise Tournyol du Clos. 

 

Saint Jean-Baptiste de La Salle : former les jeunes à choisir ce qui est bon 

 

Jean-Baptiste de La Salle vient d'une famille notable de Reims, plutôt aisée et il était destiné à devenir Chanoine…Mais il fait le choix de la pauvreté et devient un éducateur des milieux populaires de Reims. Il a une grande confiance dans la raison, dans la formation de la raison et de l'intelligence pour savoir poser les choix, des choix libres. « On retrouve ici quelque chose qui appartient à l'anthropologie chrétienne. Une liberté formée, c'est une liberté capable de choisir ce qui est bon, ce qui est juste, et ce qui va permettre à l'homme d'atteindre sa vocation. Or cette vocation est surnaturelle ». Jean-Baptiste de La Salle va s'appuyer sur les ressources pédagogiques qui existent autour de lui: les Oratoriens ou les Jésuites, et il les amende pour pouvoir toucher plus facilement les classes populaires. Les professeurs vont être invités à une vie de prière dès 4h30 du matin, or «la vie de prière des frères des écoles chrétiennes est d'une intensité impressionnante » relève Ambroise Tournyol du Clos. « Rien ne doit être refusé qui pourrait permettre à l'enfant de découvrir l'horizon spirituel de son existence. Et ça n'est pas pensé comme un conditionnement. Evidemment, cette éducation n'a de sens que dans la mesure où elle rencontre une liberté qui, d'étape en étape, qui peuvent passer par des chutes, consiste à choisir par soi-même ce qui nous a d'abord été présenté » complète Ambroise Tournyol. 

Halte spirituelleEducateur sur les pas du Christ 2/5 La méthode de St Jean-Baptiste de la Salle
Halte spirituelleEducateur sur les pas du Christ 1/5 Chercher la vérité, comme Thomas d'Aquin
Halte spirituelleEducateur sur les pas du Christ 5/5 Parier sur l'intelligence, Edith Stein
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