Dans l’Orne, une toile perdue depuis un siècle retrouvée dans une église
En partenariat avec LA SAUVEGARDE DE L'ART FRANCAIS
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Depuis l'annonce des résultats, les paroissiens de Cerbère regardent leur église avec un œil nouveau. Le concours J'aime mon clocher a suscité un fort engouement. Organisé par Le Pèlerin en partenariat avec RCF, et parrainé par Stéphane Bern, il a été remporté par Francine Martinez-Margerin, une paroissienne profondément attachée à son église.
Le résultat des votes a été dévoilé ce mardi. Le public a choisi l'église de la Transfiguration-du-Saint-Sauveur, dans les Pyrénées-Orientales. Une candidature portée par Francine Martinez-Margerin. "Je n’en reviens pas, je suis encore étourdie par tout ça !" confie-t-elle à RCF. Habitante de la commune de Cerbère, près de Perpignan, elle est donc l’heureuse lauréate du concours J’aime mon clocher organisé par le magazine Le Pèlerin en partenariat avec RCF. Sa lettre, où elle exprimait avec poésie et émotion son attachement pour l’église de Cerbère, a su convaincre d’abord le jury puis les quelque 5000 votants.
Quand Francine Martinez-Margerin a appris l’organisation du concours J’aime mon clocher, cette abonnée au Pèlerin s’est sentie tout de suite "interpelée". "Ça fait un moment que je m’inquiète, avec notre petite communauté paroissiale, de l’état de notre église." L’objectif du concours était précisément de donner de la visibilité au patrimoine sacré et de permettre à ceux qui y sont attachés de l’exprimer. Et c’est un franc succès, se réjouit la rédaction du magazine Le Pèlerin.
Le concours J’aime mon clocher, lancé le 6 mars dernier, avec Stéphane Bern pour parrain, a recueilli plus de 300 candidatures. Pas moins de 5.000 personnes ont voté pour désigner le vainqueur parmi les 12 lauréats régionaux, sélectionnés par un jury. Pour participer, il suffisait de décrire dans une lettre l’église de son choix et de joindre une photo de l'édifice. En 2e position après l’église de Cerbère, les votants ont choisi l’église Saint-Carad'heuc à Donzy, en Bourgogne-Franche-Comté, et, à la 3e place, l’église Saint-Martin-et-Sainte-Anne de Macquigny, dans les Hauts-de-France.
Lettre de Francine Martinez-Margerin
À toi, mon clocher, Toi, le dernier bastion juste avant l’Espagne, qui égrènes les heures du jour et qui veilles sur notre village niché au fond de sa petite anse entre mer et montagne, sur cette côte vermeille où se mêlent le bleu du ciel et de la mer, le vert des vignes et les ocres des maisons que tu sembles protéger. Tu es le témoin de la rencontre des Pyrénées et de la Méditerranée. La nuit, l’amer de ta rosace veille encore sur les marins au loin. Tu es un clocher-mur surplombant la façade de ton église de la Transfiguration du Saint-Sauveur, où l’inscription « Regnum Galliae, Regnum Mariae » (le royaume de France est le royaume de Marie) encadre la belle rosace qui s’illumine au lever du jour face à la mer. On raconte qu’on te doit le meilleur vin de messe, le banyuls. Tu as connu les heures de gloire de ce village à l’activité croissante d’une gare internationale reliant la France à l’Espagne. Aujourd’hui, tes cloches marquent encore quelques départs d’anciens et de rares baptêmes… Comme nous, tu vieillis. Ton mur face à la mer se désagrège, des morceaux de vitraux tombent parfois lors de tempêtes. Il pleut dans ton église des larmes appelant au secours. On ne peut plus faire face aux dépenses d’entretien. Que vas-tu devenir ? Tu te sais chéri de paroissiens fidèles, ton carillon appelle encore à la messe le samedi soir dans ce bout du monde. Qui va veiller à présent sur toi, toi qui nous as tous accompagnés ? Allons-nous savoir nous mobiliser pour te rendre ta superbe ?
À Cerbère, une fois l’annonce du résultat publiée sur la page Facebook de la mairie, "des gens du village ont demandé : Elle est vraiment dans cet état ? Qu’est-ce qu’on peut faire ?" raconte Francine Martinez-Margerin. "Plusieurs paroissiens ne savaient pas à quel point elle était en mauvais état." Une association pour sauver l’église de Cerbère va bientôt voir le jour… "On prend conscience qu’il ne faut pas attendre", explique la lauréate.
Cette victoire est celle de toute une petite équipe, insiste Francine Martinez-Margerin. Quand ils ont appris, à Pâques, qu’elle était lauréate régionale, les paroissiens se sont mobilisés. Aurélien, l’organiste, a réalisé une affiche que d’autres se sont empressés de diffuser… "Certains y ont passé des heures ! Si on est lauréat national, c’est grâce à cette équipe !" se réjouit Francine Martinez-Margerin.
Profondément attachée à l’édifice, la lauréate exprimait dans sa lettre une réelle inquiétude pour l’avenir de l’église de Cerbère. Le bâtiment, construit entre 1884 et 1885 - et donc avant la loi de 1905 - a la particularité d’appartenir au diocèse et non à l’État, car elle a été rachetée "pour un euro symbolique par le curé à la mairie", raconte la paroissienne. C’est donc à l’Église de financer ses travaux de rénovation.
Infiltration d’eau dans la sacristie, vitraux brisés… Francine Martinez-Margerin, paroissienne engagée qui donne des cours de catéchisme depuis trois ans, a pu constater le mauvais état de l’édifice. Certes, en 2022, le diocèse a financé des travaux pour l’étanchéité mais il reste beaucoup à faire. "Il ne faudrait pas qu’elle s’abime plus encore", s’inquiète la lauréate du concours.
Bâtie à la fin du XIXe siècle, l’église de la Transfiguration-du-Saint-Sauveur fait sans doute partie de ce "patrimoine cultuel" sans "grand intérêt" que décrivait Roselyne Bachelot en janvier dernier. Peu importe. Pour Francine Martinez-Margerin, "c’est notre patrimoine, c’est notre histoire, c’est l’histoire du village, il y a des baptêmes, des mariages, des obsèques qui ont été célébrés"...
Signe de son attachement fort à l’église, l’équipe paroissiale, "petite" mais dynamique, se relaye pour ouvrir l’église deux heures par jour. Si Cerbère fait partie d’une communauté de quatre paroisses (avec Banyuls-sur-Mer, Collioure et Port-Vendres), "on a la chance d’avoir une messe chaque semaine", se félicite Francine Martinez-Margerin - qui y voit une raison de plus de s’attacher à son église. Et ce grâce au curé, originaire d’Haïti, un jeune homme de 42 ans, "plein de joie", décrit la paroissienne. En attendant la remise du prix qui aura lieu en octobre, à Paris, Francine Martinez-Margerin va se rendre à Lourdes. Un voyage prévu de longue date. "Ça tombe bien", dit-elle. Ce sera un bon moyen de se remettre de ses émotions !
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