Des actes de vandalisme ont été perpétrés récemment dans un cimetière protestant de Jérusalem. Des faits sont hélas récurrents sur le mont Sion. Mais le contexte politique actuel en Israël et le sentiment d'impunité de certains juifs ultranationalistes inquiète les chrétiens de Jérusalem.
En Israël, la communauté chrétienne tire la sonnette d’alarme après une série de profanations. Début janvier, des dizaines de tombes chrétiennes ont été vandalisées à Jérusalem.
"Deux jeunes juifs orthodoxes ont été filmés dimanche 1er janvier en train de vandaliser un cimetière protestant sur le Mont Sion", peut-on lire sur le site de Terre sainte Magazine. Des croix ont été renversées et des sépultures abîmées. Les profanations ont eu lieu dans le cimetière protestant du mont Sion, l'une des collines de Jérusalem.
Si ce lieu est fréquemment pris pour cible, l'insécurité s’est accrue ces dernières semaines. Pour Cécile Lemoine, journaliste à Terre Sainte Magazine, ce regain de tensions est lié au contexte politique actuel. "Dans le contexte actuel de la formation d’un nouveau gouvernement il y a certains individus de la société israélienne – c’est une minorité à chaque fois – qui se sentent le pouvoir d’agir en toute impunité par rapport à un discours et des idées d’extrême-droite qui ont pris leur place dans le gouvernement actuel. Il y a un terreau favorable."
La ville de Jérusalem accueille les lieux saints des trois religions monothéistes : l'église du Saint-Sépulcre pour les chrétiens, le mur des Lamentations pour les juifs, l'esplanade des Mosquées pour les musulmans. Il y a 75 ans, l’État d’Israël s’est engagé à garantir "l’égalité et la pleine liberté d’opinion et de culte à tous ses citoyens, sans distinction de race, de sexe et de croyance". C'est écrit dans sa proclamation d’indépendance de mai 1948. Il semble que ce principe n'est pas toujours respecté.
Cécile Lemoine raconte qu’en 2021, lors des célébrations de la Pâque orthodoxe, certains chrétiens n’ont pas pu accéder à la basilique du Saint-Sépulcre pour assister à la cérémonie du feu sacré. "Les chrétiens palestiniens, les chrétiens locaux le vivent un peu comme un forme d’injustice dans la pratique de leur liberté de culte."
Dans la vieille ville de Jérusalem, les biens immobiliers des musulmans ou des chrétiens font régulièrement l’objet de rachats par les groupes juifs radicaux. En juin 2019, la Cour suprême israélienne a validé une vente d'un ensemble immobilier ayant appartenu à l’Église grecque-orthodoxe. Bien acquis par une organisation juive d’extrême-droite. Les chefs religieux chrétiens déplorent cette politique agressive vise au monopole du quartier. En décembre 2021, treize Églises chrétiennes de Terre sainte ont réclamé un statut particulier pour le quartier chrétien de Jérusalem.
On compte environ 16.000 chrétiens à Jérusalem, autant qu’en 1922, selon les recensements officiels. S'ils représentaient à cette époque un cinquième de la population, ils ne pèsent plus que pour 2%. "Les institutions chrétiennes en elles-mêmes ne sont pas menacées", estime Cécile Lemoine. La journaliste craint en revanche pour "ceux que l’on appelle les pierres vivantes, qui sont les chrétiens locaux qui sont là depuis les débuts du christianisme".
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