Israël, seule démocratie au Moyen-Orient : ce slogan a longtemps été utilisé par les supporters de l’État hébreu en Europe et aux États-Unis. Or si la démocratie au sens de l’alternance au pouvoir régulée par des élections n’est pas menacée aujourd’hui dans l’État hébreu, le retour au pouvoir de Benyamin Netanyahou, et surtout la nature de sa nouvelle coalition gouvernementale, mettent en péril les alliances internationales du pays et surtout la séparation des pouvoirs en Israël.
Il s’agit en effet du cabinet le plus à droite de l’histoire israélienne. Il compte, outre des partis ultraorthodoxes déjà régulièrement associés au pouvoir, comme le Shas, deux formations d’extrême-droite racistes, férocement anti-arabes, homophobes et hostiles à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Alors que dans les gouvernements précédents de Benyamin Netanyahou, son parti de droite populiste, le Likud, était flanqué d’une aile plus centriste et d’une aile plus extrémiste, il se trouve aujourd’hui être la formation la plus modérée du cabinet. Qui plus est, et comme cela devient habituel en Israël, la majorité du gouvernement à la Knesset (le Parlement israélien) est très courte : 64 sièges sur un total de 120. Ce qui veut dire que s’il ne contente pas suffisamment pas ses alliés les plus extrémistes, le cabinet de Benyamin Netanyahou peut tomber à tout instant.
Des alliés dont les premiers gestes sont très inquiétants lorsqu’on pense par exemple qu’Itamar Ben-Gvir s’est rendu le 3 janvier en tant que nouveau ministre de la Sécurité nationale sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam. Un geste délibérément provocateur et hautement idéologique qui risque de provoquer une réaction virulente de la population palestinienne, en majorité musulmane, et de partis comme le Hamas.
En laissant ses alliés mettre ainsi de l’huile sur le feu d’une situation déjà tendue depuis des mois en Cisjordanie, Benyamin Netanyahou pourrait mettre en position délicate les alliés internationaux traditionnels de son pays, comme les États-Unis, mais aussi d’autres plus récents, comme les Émirats arabes unis, signataires des accords d’Abraham avec Israël en septembre 2020. Sans même parler de l’Arabie saoudite, gardien des lieux saints de La Mecque et Médine, avec laquelle Benyamin Netanyahou rêve pourtant de signer un accord similaire.
Le Premier ministre a besoin de ses alliés religieux et extrémistes pour rester au pouvoir bien sûr, mais aussi pour réformer l’appareil judiciaire. Il entend notamment donner à la Knesset la possibilité de contourner à la majorité simple des décisions de la Cour suprême invalidant des lois contraires à la loi fondamentale du pays, loi qui tient lieu de constitution à l’État hébreu. Il entend aussi permettre à la majorité gouvernementale de nommer des magistrats de manière quasi discrétionnaire.
Aucun hasard dans ce programme : Benyamin Netanyahou est lui-même poursuivi par la justice dans plusieurs affaires de corruption et grâce à de telles réformes, il espère faire annuler ces procédures. Quitte pour se faire à mettre en danger la séparation des pouvoirs dans la démocratie israélienne.
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