Face à la flambée des prix de l'énergie, les entreprises s'apprêtent à vivre un hiver difficile. Lignes de production à l'arrêt, marges nettes de plus en plus courtes et taux d’approvisionnement tendu, les entreprises semblent devoir prendre des mesures fortes pour assurer leur survie. Par ailleurs, ils somment l’Etat de prendre des mesures d’urgence.
Enseignes de grandes distributions, TPE et PME, les entreprises françaises tirent la sonnette d’alarme face à la hausse des prix de l’énergie, liée au conflit en Ukraine. Ils sont des dizaines de chefs d’entreprises à avoir les yeux rivés sur la crise énergétique qui secoue les pays européens depuis quelques mois et qui s’apprêtent à directement toucher la France.
Au sein de groupe ARC France, qui vend toutes sortes d’objets d’art de la table, les projections des dépenses énergétiques 2022 et 2023 sont alarmantes : « la facture d’énergie en 2021 était de 19 millions. Cette année, la facture d’énergie, notamment de gaz sera de 75 millions. On a multiplié par 4 la facture de gaz en l’espace de deux ans. Les projections pour l’année prochaine dépassent les 200 millions si nous maintenons la production telle qu’elle est aujourd’hui », explique Guillaume Rabel-Suquet, directeur de la communication de l’entreprise. Un phénomène « inédit » sur lequel Arc France « ne peut pas suivre économiquement », poursuit–il.
Face à la situation, les entreprises s’adaptent et doivent ainsi prendre des mesures drastiques. Au sein de la cristallerie d’Arc France, un tiers des salariés du groupe sont en activité partielle jusqu’au moins la fin de l’année. Côté production, le directeur de la communication admet devoir « affiner la stratégie d’approche pendant l’hiver et au-delà de l’hiver ». Ainsi, Arc va « maintenir partiellement une production sur le site », tout en « basculant certains des fours au gaz en fours domestiques ».
Derrière l’enjeu de ce conflit ukrainien, les entreprises se retrouvent confrontées à une spéculation soudaine des prix de l’énergie en France. Alors que Bruxelles a déjà présenté quelques pistes pour alléger les factures des ménages et des professionnels des pays de l’Union européenne, la bulle spéculative autour du marché de l’énergie concerne inéquitablement les vingt-sept.
Par ailleurs, la flambée du prix de l’électricité, troisième dépense des enseignes de grandes surfaces, atteint également les supers et hypermarchés. Ainsi, le secteur demande au gouvernement de faire un effort sur la régulation des prix pour les professionnels, comme il le fait pour le bouclier énergétique chez les ménages. « On pense à nous, mais aussi aux distributeurs. La spéculation est devenue trop importante sur le territoire. On demande à l’Etat sans que ça ne lui coûte réellement d’intervenir et de réguler le prix de l’électricité », détaille Thierry Cotillard, président de Perifem, fédération rassemblant les acteurs de la grande distribution.
Avant de demander une intervention du gouvernement, les grandes surfaces ont déjà pris des mesures pour faire baisser la facture d’électricité annuelle, et se caler sur la sobriété énergétique souhaitée par le gouvernement. Plusieurs investissements ont été réalisés dans le passé, comme « changer le matériel » pour avoir une consommation moindre. Exemple : « depuis dix ans, quand vous allez acheter vos yaourts, il y a des meubles réfrigérés qui ont des portes fermées qui permettent de baisser significativement la consommation d’énergie ».
Par ailleurs, plusieurs mesures à court terme, qui ont vocation à être pérennisées, sont déjà mises en place par des grandes entreprises, comme l’extinction des enseignes lumineuses la nuit. Le pas de la sobriété énergétique semble bel et bien enclenché dans un secteur particulièrement consommateur.
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