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Les Restos du Cœur lancent leur nouvelle campagne sur fond d’inflation

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF, le 22 novembre 2022 - Modifié le 22 novembre 2022
Le dossier de la rédactionLancement de campagne des restos du coeur

De mémoire de bénévoles, ils n’ont jamais connu telle situation. Les Restos du Cœur débutent ce mardi leur 38e campagne annuelle dans un contexte difficile. À cause de l’inflation, le nombre de bénéficiaires a bondi de 12% en un an. 

Dans les locaux des Restos du Cœur de Bagneux (Hauts-de-Seine) © Clara Gabillet/RCFDans les locaux des Restos du Cœur de Bagneux (Hauts-de-Seine) © Clara Gabillet/RCF

Des petits pots, des couches, du lait et des jouets rassemblés dans des cagettes en plastique. "Vous avez droit aux petits pots !", insiste une bénévole auprès d'un papa, dans ce centre des Restos du Cœur de Bagneux dans les Hauts-de-Seine, non loin de Paris. Pascal est venu chercher ce qu'il faut pour sa fille, en complément de ses courses. Ce père de famille a vu le prix d'une boîte de Blédilait passer de 11 euros à 13. "Les fins du mois sont difficiles. Je suis inquiet pour la suite parce que ça augmente chaque jour", confie ce chauffeur-livreur dont le salaire sert pour toute la famille. 

 

À cette distribution de produits pour bébés, Sarah est venue avec sa fille de huit mois dans sa poussette. Cette maman bénéficie aussi de l'aide alimentaire chez les Restos du Cœur. Elle ne vit qu’avec 350 euros par mois. "Ça fait longtemps que c’est trop cher mais c’est devenu trop trop trop cher. Le lait, les courses, les repas de la petite... Pour des gens qui n’ont pas d’aide et ne travaillent pas, on est obligé d’aller aux Restos du Cœur", explique-t-elle le souffle court. 

 

Pascal, bénéficiaire, est venu récupérer du lait, des couches et des petits pots © Clara Gabillet/RCF

 

"Il y a des gens qui pleurent en arrivant ici"

 

Comme pour Sarah et Pascal, la qualité de vie se dégrade pour beaucoup de bénéficiaires mais aussi pour des personnes qui n’étaient pas inscrites auparavant. "Il y a des gens qui pleurent en arrivant ici, pensant ne jamais avoir besoin de notre aide, raconte Eric Dangotte, le responsable du centre de Bagneux. Des étudiants, des travailleurs pauvres, des familles nombreuses, des retraités. Ils pensaient que ça ne leur arriverait jamais mais à la fin il faut bien qu’ils viennent trouver de l’aide." Les "Restos" ont d'ailleurs vu arriver de plus en plus de familles monoparentales. Sur l’année écoulée, le nombre d’enfants de 0 à 3 ans aidés par l'association a augmenté de 25 %. 

 

Eric Dangotte, le responsable du centre de Bagneux © Clara Gabillet/RCF

 

Une précarité encore plus ancrée que durant la crise sanitaire

 

Une situation inédite pour les Restos du Cœur que les bénévoles n'avait jamais connue, même durant la crise sanitaire qui avait déjà jeté de nombreuses familles dans la précarité. C'est encore pire aujourd'hui. "On avait constaté avec la crise Covid un phénomène d’aggravation de la précarité, précise Claude Bougère, secrétaire générale des Restos du Cœur. Mais la crise inflationniste est un accélérateur qui nous inquiète. Depuis les six derniers mois, on constate déjà une hausse de 15 % des familles qu’on accueille dans nos structures."

 

Et le constat n’est pas meilleur chez les jeunes, au contraire. Les étudiants qui étaient nombreux à faire la queue à l’aide alimentaire pendant la crise sanitaire ont toujours autant besoin d’aide. C’est ce que l’on constate chez Linkee, association qui lutte contre le gaspillage alimentaire en faisant des distributions auprès des étudiants. "On pensait qu’après la crise, ça allait se résorber mais aujourd'hui les étudiants qu’on accueille sont de plus en plus nombreux. Avec l’inflation, il y a eu une revalorisation des bourses de 4 %, des APL [aides au logements, NDLR] de 3,5 %. Pour autant il y a un décalage avec l’inflation de 6 %", explique Myriam Boudali, responsable des projets chez Linkee.

 

Les associations elles-mêmes touchées par l'inflation

 

Les associations sont elles aussi concernées par les prix qui augmentent. Aux Restos du Cœur, on parle d’un "effet ciseaux" : le fait que le nombre de personnes qui demandent de l’aide a augmenté, cumulé aux frais que doit engager l’association qui achète un tiers des produits à distribuer. Elle a aussi bien sûr des frais de fonctionnement : du carburant, du chauffage et de l’électricité à payer dans les centres. 

 

Mais ce sont aussi les bénévoles qui sont concernés par l’inflation, à l’image de nombreux Français. Avec en particulier le coût de l’essence qui augmente, certains renoncent à leur mission. "Les Restos sont parfois éloignés du domicile du bénévole. Les gens ne viennent plus car quand il faut un plein d'essence dans le mois à consacrer aux Restos, ça devient pas évident", affirme Eric Dangotte.

 

Un crédit d'impôt pour aider les bénévoles

 

Pour faire face à ces difficultés, l’Etat a mis en place des réductions d’impôts. Mais les Restos du Cœur demandent l’instauration d’un crédit d’impôt pour les bénévoles. "Un bénévole fait valoir ses frais de déplacement pour venir faire son bénévolat sur une déclaration qui lui donne droit à une réduction de 66 % de la somme engagée. Ceux qui ne sont pas imposables ne peuvent pas en bénéficier. Cela représente une dépense publique mais pour nous c’est un investissement social. Leur action est indispensable", insiste Claude Bougère.

 

En lançant cette 38ème campagne, les Restos du Cœur sont conscient qu'ils ne sont à l’abri de rien, y compris d'une baisse de leurs dons. Pour eux comme pour beaucoup d’autres associations, la générosité des Français est plus que jamais indispensable.
 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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