Alors que le voyage du Pape en Asie et en Océanie s'achève, François Mabille, le directeur de l'Observatoire géopolitique des Religions au sein de l'IRIS revient à notre micro sur les tenants et les aboutissants de la visite du souverain pontife. Il est l'invité de la matinale de RCF et Radio Notre Dame.
Le Pape François est de retour au Vatican après plus de 10 jours de voyage en Asie et en Océanie. Une “véritable performance” pour François Mabille, chercheur expert des relations internationales et des religions qui a suivi avec attention les déplacements du Pape en Indonésie, en Papouasie Nouvelle-Guinée, au Timor Oriental et à Singapour. Le pape a profité du périple pour développer ses thèmes de prédilection tels que les relations inter-religieuses, l’écologie, l’engagement de la jeunesse… au cours de sorties médiatiques passées ce matin au peigne fin par François Mabille sur notre antenne.
Cela faisait plus de 30 ans que les pays où s’est déplacé le pape François n’avaient pas reçu de souverains pontifes. Le voyage du pape est donc l’occasion rêvée pour Rome de reconnecter avec des populations catholiques parfois très nombreuses. Au Timor-Oriental par exemple, petit pays limitrophe de l’Indonésie, ce sont 98% des habitants qui sont de confession catholiques ce qui en fait le pays le plus catholique au monde. Toutefois le pape a aussi souhaité une dimension plus œcuménique à son périple. Il en a profité pour se faire l’avocat du dialogue interreligieux.
Le pape dialogue pour acheter la paix civile dans les pays où les chrétiens sont persécutés.
Pour François Mabille “la thématique du dialogue religieux est un des cœurs de son pontificat”. Là où il existait déjà des dialogues dogmatiques, restant toujours très théoriques voire inaccessibles, le Pape François semble vouloir dépasser cela. Selon le chercheur, son objectif est de “pouvoir aller au-delà et avoir un cadre normatif qui fait qu'on s'accepte les uns les autres”. Pour cela rien de mieux selon le pape que la mise en œuvre de politiques communes. François Mabille rappelle toutefois la dimension intéressée des discours du pape qui “dialogue pour acheter la paix civile dans les pays où les chrétiens sont persécutés”. Rappelons que, selon les Missions Étrangères de Paris, 2 chrétiens sur 5 sont fortement persécutés ou discriminés en Asie et au Moyen-Orient.
Évoquer l'amitié inter-religieuse n'a pas été le seul but du voyage du pape sur les continents asiatiques et océaniques. Pour François Mabillon le pape en a aussi profité pour évoquer des thématiques qui lui tiennent à cœur depuis le début de son pontificat telles que l'écologie, la lutte contre la précarité et l'engagement des jeunes. "Il le fait en Indonésie comme il fait ailleurs". Le souverain pontife va aussi au contact des jeunes. Comme il l'a fait en Europe, et notamment en 2018 avec sa phrase "un jeune qui n'aime pas prendre de risque est un vieux" le pape met en exergue le rôle des jeunes dans la mission sociale de l'Église. Avec un sourire aux lèves François Mabille compare le pape à "un homme qui joue les grands-pères et aime la dynamique et la transmission".
Le pape est un homme qui joue les grands-pères et aime la dynamique de la transmission.
De manière plus synchronique François Mabille voit dans le déplacement du pape la continuité de la volonté de Rome de se rapprocher de ce qu'on a longtemps considéré comme ses périphéries. Cette volonté a déjà des effets dans les institutions du Vatican "l'internationalisation de la Curie est liée à l'acception des périphéries" et ce n'est sûrement pas prêt de s'arrêter. En effet quand on compare les bancs de plus en plus vide des églises européennes aux 50 000 fidèles réunis pour une messe en plein air à Singapour, on peut penser que l'avenir de l'Église est bien loin de la Chapelle Sixtine.
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