En juin, les députés examineront une proposition de loi transpartisane visant à réglementer davantage les locations touristiques de courte durée pour soulager le marché locatif classique. Une mesure qui, si elle réunit sur le fond, peine à convaincre sur la forme.
En quelques années, les locations estampillées Airbnb, Booking ou Abritel se sont multipliées partout en France, mais plus encore dans nos départements touristiques. A Chamonix, un tiers des logements est réservé aux touristes. Une bonne nouvelle pour les hébergeurs, qui touchent ainsi de beaux compléments de salaire, mais une difficulté supplémentaire pour ceux et celles qui cherchent désespérément un logement à l'année. Les biens disponibles se font plus rares et leurs prix s'envolent, dépassant largement les capacités financières des ménages du territoire.
Autre difficulté, les villes et villages se désertifient. Certains quartiers voient leur population doubler aux beaux jours, mais sont totalement abandonnés lors des saisons creuses. Volets clos, appartements vides et silencieux dans des secteurs où, paradoxalement, beaucoup aimeraient pouvoir résider durablement.
Les députés PS et Renaissance proposent donc, à travers un texte de loi transpartisan, de taxer davantage les hébergeurs. Toucher au portefeuille des propriétaires d'Airbnb, soulager celui des loueurs longue durée pour relâcher la pression exercée sur le marché locatif.
Si la technique semble imparable, elle peine à séduire, Vincent Rolland, député Les Républicains de Savoie, auteur d'un rapport sur l'état du marché immobilier français, en avril dernier. Si les logements touristiques constituent "une part du problème", l'argument financier sera selon lui "inefficace". "Ce qu'il faut, c'est donner aux collectivités des moyens de construire plus facilement et de légiférer sur l'avenir de ce bâti" explique-t-il. Les situations sont aussi variées qu'il a de communes en France, une seule règle applicable de partout ne réglerait pas le problème dans son ensemble.
Au-delà de voir baisser le nombre d'Airbnb, l'objectif est bien de pouvoir loger les habitants qui souhaitent résider à l'année. "Il faut que les mairies, les collectivités locales puisse dire qu'elles réservent un quartier, un parc immobilier à de la location permanente sur du court, moyen ou long terme. C'est à eux de décider, ils doivent pouvoir maîtriser cette situation grâce à des outils législatifs" poursuit Vincent Rolland.
Les collectivités, elles, voient d'un bon oeil toute loi qui pourrait les aider à endiguer le phénomène des locations courtes. Dans l'agglomération annecienne, dès le 1er juin, un quota sur le nombre de logements meublés touristiques sera mis en place. La Ville veut également limiter à un le nombre de logements locatifs courte durée par propriétaire.
Des mesures qui devraient essaimer, notamment à Chamonix, où le maire dit vouloir mettre fin au déséquilibre locatif sur son territoire.
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