Depuis le 7 octobre 2023, la guerre au Proche Orient entre le Hamas et Israël domine l’actualité et éclipse d’autres crises humanitaires et d’autres conflits dans le monde. La guerre en Ukraine est passée au second plan. À l’entrée de l’hiver, Kiev s‘interroge sur le soutien occidental et fait toujours face à de multiples défis dans son combat contre la Russie.
La guerre entre le Hamas et Israël focalise l’attention du monde. L’Ukraine n’apparaît plus sur le haut de la pile des priorités. « L’Ukraine est dans un temps faible dans leur résistance à l’invasion russe » constate Cyril Bret, spécialiste de la Russie et de l’Ukraine à l’Institut Jacques Delors. « Il y a l’attention accordée à l’Occident au conflit en Israël, mais aussi le début de la campagne électorale américaine où des voix plaident pour réduire ou modérer l’aide à l’Ukraine, l’entrée dans l’hiver qui va poser des problèmes sur les infrastructures énergétiques. Le temps joue en faveur de l’effort de guerre russe. Et enfin, la contre-offensive ukrainienne n’a pas eu le succès escompté » détaille le chercheur.
Les Ukrainiens de leur côté ont leur vision de l’attaque du 7 octobre et de la guerre en cours au Proche-Orient. « On voit la situation entre Israël et la Palestine à Gaza comme une continuation de l’agression russe » explique Lésia Vasilensko, députée ukrainienne. « Pendant 10 ans, il n’y a pas eu de réaction aux actions et crimes de la Russie. Dans un contexte mondial, cela incite les régimes autoritaires et terroristes à faire la même chose. »
« Oublier ou s’habituer à la guerre, c’est une tactique qui laisse gagner l’agresseur » rappelle la parlementaire évoquant le conflit du Dombass en 2014, espérant que « les Occidentaux ne renouvelleront pas la même faute ». Dans le contexte du Proche Orient, Vladimir Poutine essaye en tout cas de tirer parti de la situation. « Est-ce que la Russie peut en bénéficier dans la durée ? Cela reste à démontrer » estime Cyrille Bret pour qui « un rééquilibrage de l’attention médiatique et diplomatique devrait intervenir sur le long terme » entre les deux conflits. Mais pour les Ukrainiens la guerre reste existentielle Lésia Vasilensko compare cette situation à « un malade qui lutte contre un cancer ».
Du côté des ONG, l’inquiétude est palpable. La catastrophe humanitaire en cours à Gaza focalise l’attention des bailleurs de fonds. L’urgence prime et des arbitrages se font au détriment de l’Ukraine. « Pour 2023, le plan de financement de l’ONU était d’un peu moins de 4 milliards de dollars. Cette estimation, pour couvrir les besoins a été atteinte à un peu plus de 50 %. Or plus de 11 millions de personnes ont toujours besoin de cette aide » explique Fabrice Martin responsable de l’ONG Care en Ukraine. Cette situation aura un impact sur les opérations des ONG en Ukraine. Fabrice Martin appelle les bailleurs institutionnels et les états donateurs « à ne pas mettre en concurrence les crises ni à agir de façon politique, mais bien en se basant sur les besoins humanitaires réels ».
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