Dans la crise qui oppose l'Ukraine à la Russie, le Saint Siège s'est dit prêt à faciliter la négociation entre les parties. Quel rôle et quelle marge de manœuvre dispose le Vatican ? A-t-il les épaules nécessaires pour mettre fin à la guerre à l'Est de l'Europe ?
Le Vatican se dit prêt à agir en coulisses et veut se rendre disponible pour favoriser le dialogue entre la Russie et l’Ukraine. C’est ce qu’a fait savoir le numéro deux du Saint Siège, le cardinal Pietro Parolin dans la presse italienne. Depuis plusieurs années, les diplomates en soutane suivent dans l’ombre et avec attention ce qui se passe dans la région. Le Vatican qui n’en est pas à sa première médiation dispose d’un atout, la neutralité.
"Il y a une neutralité effective. Le Saint Siège a joué un rôle de médiateur lors de la crise de Cuba en 1962 entre les Etats-Unis et la Russie. C’est demeuré une référence importante. Et puis le Saint Siège est un Etat au même titre que la Russie et que l’Ukraine. Il a un siège à l’ONU. Ce que n’a pas l’Eglise orthodoxe. Et justement, puisqu’elle n’est pas orthodoxe, elle n’est pas dans le conflit. Puisque l’Ukraine c’est aussi une guerre civile religieuse. C’est une manière de montrer que le Saint Siège n’a aucun intérêt dans la zone, et que par conséquent, son rôle de médiateur, si on lui donne, sera à la fois désintéressé et tourné vers le bien commun" explique Jean Baptiste Noé, docteur en histoire, rédacteur en chef de la revue Conflits, auteur de “Géopolitique du Vatican” aux Presses universitaires de France.
Diplomatie en coulisse mais aussi action concrète du pape François. Depuis le début de l’offensive russe, il s’est entretenu par téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et s’est rendu à l'ambassade de Russie près le Saint-Siège. Un pape dont l’autorité est reconnue par chaque partie, rappelle Jean-Baptiste Noé.
"L’avantage du Saint Siège est d’avoir une relation connue avec Vladimir Poutine. Le pape est connu à Moscou, il est respecté. Il est aussi connu en Ukraine. Il y a une reconnaissance de l’autorité du pape et de l’autorité de la diplomatie vaticane. Lorsque l’on négocie avec le Saint Siège on n’est ni américain, ni ukrainien, ni russe. On est dans la recherche de l’intérêt des pays et de l’ensemble des populations civiles" ajoute-t-il.
Si le pape tente d’apporter sa pierre à la médiation entre Moscou et Kiev, c’est avant tout un chef spirituel. En ce Mercredi des Cendres, premier jour de carême, il appelle les chrétiens au jeûne et à la prière pour la paix en Ukraine. "C’est là le rôle principal du pape que de rappeler que la paix est l’œuvre de Dieu, et que de dire que les chrétiens peuvent prier pour rétablir la paix. Il y a des manières invisibles et surnaturelles de contribuer à la paix sur le continent européen" conclut ce spécialiste de la diplomatie vaticane.
Le pape François a condamné la "logique diabolique et perverse des armes". "Qui fait la guerre oublie l’humanité", rappelle le pape qui demande "l’ouverture urgente" de "couloirs humanitaires", pour les réfugiés ukrainiens.
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