Le 13 avril dernier, la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) a adopté, à l'issue de de son assemblée générale, l'ensemble des préconisations faites par les groupes de travail pour lutter contre les agressions sexuelles dans l’Église.
"Notre assemblée a très largement adopté l’ensemble des bonnes pratiques et des préconisations issus des groupes de travail", annonce Véronique Margron. "Reste l’essentiel : les mettre en pratique", ajoute-t-elle. Interrogée le 11 avril par RCF, la présidente de la Corref avait prévenu : le processus sera lent car il s'agit de "questions complexes".
Gouvernance, formation, suivi des auteurs d’abus, comment agir en cas de signalement, pouvoir aborder franchement la sexualité, la liberté spirituelle… Après avoir travaillé pendant plus d'un an, les groupes de travail ont pu présenter leurs préconisations à la Corref. Quatre de ces groupes étaient communs avec la Conférence des évêques de France. Cinq avaient été lancés par la Corref : des groupes de dix personnes constitués de supérieures de communautés religieuses ou monastiques. Dans chacun, était présence une personne victime d’abus. "Tous ces groupes aboutissent à de vraies convergences", estime Véronique Margron, la présidente de la Corref.
La Corref représente 350 congrégations ou communautés, et certaines sont issues de traditions bien différentes. En raison de cette, la mise en application des préconisations va demander du temps et du dialogue. Véronique Margron prévient déjà : le processus sera lent. "C’est des questions complexes, le suivi des auteurs, la formation, les causes des violences sexuelles la question de la mémoire vive…"
Il y a deux semaines, à Lourdes les évêques ont adopté une dizaine de mesures sur les 60 préconisations des groupes de travail. Justement pour se donner du temps mais non sans ouvrir la voie à des critiques et des frustrations face à ce qui est perçu comme une inertie.
Prévenir les agressions sexuelles, c'est en grande partie lutter contre "ce que moi j’appelle l’enclos, c’est-à-dire l’entre-soi, et il est spécialement dangereux pour les plus vulnérables", estime Véronique Margron. "Dans la vie religieuse en principe le supérieur général n’a pas le droit d’agir seul, explique-t-elle, c’est interdit par nos constitutions puisque nous avons toujours des conseils. Mais, après, tout cela est plus ou moins vrai dans la réalité donc la question c’est : Comment on renforce cette altérité et comment, en fin de compte, on élargit cette altérité avec la possibilité de faire des audits, avec le ce que l’on appelle la cartographie des risques, avec le fait d’avoir des experts aussi auprès de soi, laïcs par définition."
Les groupes de travail ont notamment suggéré d’introduire une aide à la gouvernance avec notamment des audits externes, afin de mieux traiter les plaintes pour agressions sexuelles. Le document propose également que le supérieur majeur d’une communauté s’adjoigne systématiquement des tierces personnes extérieures.
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