En 2008, Benoît XVI se rend en France, à Paris et à Lourdes. Mgr Antoine Hérouard, archevêque de Dijon, est alors secrétaire général de la Conférence des évêques de France. Il a eu l’occasion de rencontrer l’ancien pape. Il répond aux questions d'Étienne Pépin.
Étienne Pépin : Vous avez pu croiser son regard. Quel souvenir gardez-vous de ses yeux ? On dit qu’ils se faisaient extrêmement proches...
Mgr Antoine Hérouard : C’était quelqu'un qui était très attentif à ses interlocuteurs, que ce soit en privé ou dans une célébration. Il avait un regard marqué par la bonté, la précision, l’attention portée à la personne en face de lui. J’ai le souvenir de la messe sur l’esplanade des Invalides: il y avait énormément de monde, une très belle ferveur, une joie profonde des gens d’être là. Le pape a été touché par cette foule, voire peut-être surpris. Je pense qu’on ne l’avait pas prévenu, dans son entourage, qu’il y aurait cette ferveur et cette joie, comme l’intériorité qui s’est manifestée pendant la célébration. Benoît XVI a exprimé profondément sa joie d’être réuni avec les fidèles et de pouvoir célébrer ensemble l’eucharistie.
Dans quelle mesure la visite de Benoît XVI en 2008 en France a marqué sur le plan spirituel notre pays qui se revendique laïc ?
Ça n'a pas touché tout le monde, bien sûr. Mais je pense que pour les catholiques de France ç’a été un moment important, parce que le pape est vraiment venu nous confirmer dans la foi. Au fond, les messages de Benoît XVI sont souvent simples. Il redit l’essentiel de la foi : la confiance en Dieu, l’attachement au Christ. Il précise la demande d’intériorité et de profondeur dans la vie de foi. Il a redit cela à Paris et à Lourdes. En cela, il a permis aux catholiques de France de retrouver une certaine force et une profondeur dans leurs démarches de foi. Il nous a encouragés, sa visite a été extrêmement bénéfique.
Pasteur de l’Église catholique et immense théologien, le pape Benoît XVI est venu inaugurer le Collège des Bernardins, haut lieu de la culture et de la foi en France. Devant un parterre d’érudits, il avait prononcé un discours mémorable sur le monachisme européen. Qu’en retenez-vous en tant que prêtre et en tant qu’évêque aujourd’hui ?
Je pense que ce discours aux Bernardins mérite d’être relu. Les textes de Benoît XVI sont extrêmement bien construits, ciselés, avec beaucoup de précision dans le vocabulaire. Il me semble que les thèmes qu’il a abordés étaient les thèmes principaux de son pontificat, sur l’importance d’inscrire notre vie chrétienne aujourd’hui dans une histoire, une tradition, une transmission au fil des générations. De ce point de vue-là, l’histoire du lieu du Collège des Bernardins est significative, puisque son discours traitait du signe de la présence de Dieu au milieu de nous.
Je crois que c’est toujours ce message-là que Benoît XVI a voulu porter à notre Europe. Le choix du nom de Benoît, l’un des premiers patrons de l'Europe, est là aussi significatif. Pour lui, l’Europe est profondément marquée par les racines chrétiennes : il invite les chrétiens aujourd’hui en Europe à retrouver et à vivre ces racines.
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