Vendée
A la veille de l'ordination diaconale en vue du sacerdoce de Matthieu Débarre, Mgr Delmas souhaite s'adresser aux jeunes hommes du diocèse sur la question de la vocation sacerdotale. Message qui prend la forme d'une lettre dont le contenu est à découvrir ci-dessous.
À toi qui te poses la question de devenir prêtre ; à toi qui, peut-être, n’oses pas te la poser. Ces quelques lignes te suggèrent de réfléchir à l’aide de ces trois questions : Prêtre : Pourquoi ? Pourquoi pas ? Pourquoi pas moi ?
Il n’y a pas d’Église sans prêtres. J’ai toujours eu la certitude que le Seigneur n’a jamais cessé d’appeler des jeunes à le suivre dans le ministère ordonné, pour le service de son Église et de l’humanité.
Cette lettre s’adresse ainsi aux jeunes qui se posent la question de devenir prêtre, à ceux qui, sans aucun doute nombreux, n’osent pas se la poser ou qui peuvent éprouver une peur de se la poser. Elle s’adresse aussi à chacun de vous qui lirez ces quelques lignes et qui pourrez ainsi faire grandir en vous et autour de vous cette sensibilité au Seigneur qui appelle.
Je forme le vœu qu’elle puisse être lue et priée personnellement, dans nos familles, dans nos communautés ecclésiales.
J’exprime toute ma reconnaissance pour les initiatives que le Seigneur nous donnera de vivre en son Église, participant ainsi à la fécondité de notre pastorale des vocations.
Avant de demander à un jeune : « As-tu pensé à être prêtre ? », il est essentiel de lui montrer l’importance de ce ministère. D’où ma première question : « prêtre, pourquoi ? ». Tout simplement parce qu’il n’existe pas d’Église sans prêtre. Nous sommes à un moment de la vie de notre Église où les prêtres sont moins nombreux. Nous voyons aussi des diacres, des consacrés, des fidèles laïcs prendre des responsabilités pour le bon fonctionnement de la vie de nos paroisses, de notre diocèse : responsabilités qui, autrefois, étaient assumées principalement par des prêtres. Nous pouvons alors nous demander si, au fond, nous n’avons pas, dans cette nouvelle prise en charge de la vie de l’Église, la réponse à ce que l’on appelle parfois la « crise des vocations ».
Or, il m’apparaît que cette interprétation n’est pas juste. En effet, elle risque de nous faire oublier ce qu’est l’Église réellement. L’Église n’est pas d’abord une organisation chargée de répondre à des missions, aussi belles et essentielles soient elles, mais bien cette réalité humaine que le Christ a voulu et à laquelle il s’est lié pour ne jamais cesser de se rendre présent au monde qu’il aime. Ainsi, tu comprends que l’Église n’est pas seulement humaine.
La théologie rend compte de cela en disant que l’Église est « Mystère ».
C’est pour cela qu’il y aura toujours besoin de prêtres pour que l’Église demeure toujours l’Église du Christ et non pas seulement « notre » Église.
Poser cette question, c’est saisir que le ministère de prêtre a toute sa pertinence dans le monde d’aujourd’hui. J’aurais envie de dire : qu’il s’agit d’un « métier » tout aussi nécessaire que d’autres métiers. Nous voyons bien des écoles proposer des « portes ouvertes » pour se faire connaître et montrer à leurs futurs étudiants que la formation qu’elles dispensent sera utile à la société. Pourquoi ne pas faire une comparaison avec le ministère de prêtre ? Cette mission a toute sa place pour répondre aux nécessités de notre monde. Nos prêtres n’auraient guère de difficultés à témoigner de cela.
Nous aurions intérêt, me semble-t-il, à davantage communiquer sur tout le bien qu’apporte ce ministère chez nos contemporains. Ce serait une bonne façon de t’aider à te demander : « prêtre, pourquoi pas ? ». Cette question naîtrait d’autant plus naturellement en toi que chacun désire être utile, chacun désire faire du bien autour de soi, chacun désire s’accomplir, en un mot porter du fruit !
Pourquoi pas moi ? Lorsque que je t’invite à te poser cette nouvelle question, j’ai conscience d’entrer dans une relation plus personnelle. S’il n’est pas trop difficile d’être convaincu du bienfait de ce ministère pour autrui, c’est une autre étape de se demander : « pourquoi pas moi ? ». En effet, il n’est pas très difficile de se dire que ce n’est pas fait pour moi et cela pour bien des raisons. Mais c’est oublier que le Seigneur marche avec celui qui accepte de le suivre, c’est croire qu’il lui donne les forces nécessaires tout au long de la route qu’il entreprend. Se demander : « pourquoi pas moi », c’est faire un pari en quelque sorte, un acte de confiance dans le Seigneur et dans son Église.
N’est-ce pas l’expérience du prophète Isaïe lorsque le Seigneur se demandait : « Qui enverrai-je ? » (Isaïe 6,8) Et Isaïe dit alors : « me voici, envoie-moi ». Le Seigneur pose cette question « à la volée » pourrait-on dire et son audace fait naître et rend possible la disponibilité du prophète Isaïe. L’appel de Dieu l’a rejoint.
Aujourd’hui, nous n’osons pas imiter le Seigneur dans son audace et, de ce fait, nous pouvons priver des jeunes de la joie de répondre comme Isaïe : « Me voici, envoie-moi ».
Angers, ce 8 septembre 2024,
† Emmanuel Delmas
évêque d’Angers
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