La disparition samedi 31 décembre de Benoît XVI suscite beaucoup d’émotion auprès des évêques de Normandie. Ils estiment qu’on ne connaît pas encore l’impact réel de Joseph Ratzinger sur l’Eglise. Mgr Habert, évêque de Bayeux-Lisieux, évoque une possible nomination comme docteur de l’Eglise. L’évêque de Séez est lui plus admiratif de sa lutte contre la pédocriminalité.
Que restera-t-il de Joseph Ratzinger ? Dans la mémoire de l’évêque de Bayeux-Lisieux, il reste « le silence après la communion lors de la messe aux Invalides ». « Une très belle messe devant 260 000 personnes, et il y a eu un silence d’une profondeur incroyable », se souvient Mgr Jacques Habert. Il était encore prêtre diocésain en 2008 quand Benoît XVI s'est rendu à Paris.
Un silence que le Pape gardait quand il recevait les évêques français. Mgr Habert qui a été nommé par Benoît XVI se souvient d’une visite en 2013. Les évêques français avaient été reçus pendant 1h30 et avaient fait part au Saint Père de la problématique des baptêmes pour les familles éloignées de l’Eglise. « Le Pape nous avait dit de porter cette question dans la prière et dans nos paroisses », se souvient le prélat de Bayeux-Lisieux. Selon lui, Benoît XVI voulait tester, expérimenter et ne donnait pas son avis sans objets concrets.
Ce n’était pas quelqu’un qui était de l’ordre de l’interdit
Une méthode dont se souvient également l’évêque de Séez. Mgr Bruno Feillet n’a pas connu Joseph Ratzinger, mais son ancien évêque de Cambrai lui racontait que le Pape leur demandait « d’essayer et d’expérimenter ». « Ce n’était pas quelqu’un qui était de l’ordre de l’interdit, souligne-t-il, mais de la recherche, y compris en pastorale. »
Mgr Bruno Feillet a été très marqué par le combat de Benoît XVI contre la pédocriminalité dans l'Eglise. « Il a fait basculer l’Eglise sur le travail de la lutte contre la pédocriminalité dans l’Eglise », assure-t-il. L’évêque de Séez rappelle que « Benoît XVI a été très vif dès 2005 avec des interventions majeures et décisives qui nous ont forcé à aller plus loin, plus vite et plus à l’écoute des victimes ». Joseph Ratzinger a-t-il permis l'émergence du rapport de la CIASE ? « On y serait sans doute venu ou contraint » soutient Mgr Feillet.
C’était un grand Pape
Comme beaucoup de monde depuis deux jours, les évêques de Normandie tiennent à souligner le grand apport théologique du Cardinal Ratzinger. L’évêque de Séez a été touché par son travail sur l’amour : « Il a voulu réconcilier l’amour humain et l’amour divin. Car l’amour humain est ascendant vers Dieu ». « C’était un grand Pape. On s’en apercevra à la relecture de ses textes » prédit Mgr Feillet.
Sa qualité de théologien est également reconnue par Mgr Habert : « Il était un serviteur humble y compris dans son rôle de théologien. Il serait bon pour nous de reprendre ses écrits non pour lui rendre hommage mais pour bénéficier de ce qu’il a apporté à l’Eglise. » Mgr Habert glisse également l’idée qu’il puisse être nommé docteur de l’Eglise. Une reconnaissance de son apport à la foi chrétienne.
Les diocèses normands appellent au recueillement autour de Benoît XVI. Des messes sont proposées le jeudi 5 janvier à la cathédrale de Bayeux à 18h30, à la cathédrale de Coutances à 19h, et le samedi 7 janvier à la cathédrale de Séez.
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