Depuis deux mois, de nombreux chercheuses et chercheurs américains sont empêchés de travailler correctement sous l'administration Trump. Certaines universités françaises ont annoncé en accueillir certains d'entre eux. Favorable à cette idée également, Mathias Bernard, président de l'Université Clermont Auvergne appelle à l'établissement d'un programme de financement global pour les accueillir dans les meilleures conditions, à échelle française ou européenne.
“On observe ces attaques contre la recherche et contre l’Université avec beaucoup d’inquiétude”, partage Mathias Bernard, président de l’Université Clermont Auvergne. Comme ses homologues partout en France, l’historien assiste à un mouvement inquiétant débuté ces dernières semaines aux Etats-Unis sous l’impulsion du président Donald Trump.
L’administration américaine impose des réductions budgétaires, un gel des embauches ou même l’interdiction de termes dans certains travaux de recherche, en particulier ceux qui traitent de la question du climat.
En réaction, un exode a débuté chez les chercheuses et chercheurs américains. Une enquête menée par la revue Nature auprès de plus de 1200 scientifiques américains révèlent que 75% d’entre eux envisagent de quitter les Etats-Unis.
Très tôt, certaines universités ont pris position pour les accueillir, comme l’université Aix-Marseille, en mars dernier. Une idée à laquelle Mathias Bernard est lui aussi favorable selon les besoins des scientifiques américains. “A priori on est plutôt sur des accueils de moyenne durée, de dix-huit mois à trois ans. Il existe des dispositifs selon les types de chercheurs : post-doctorat pour les plus jeunes, chaires de professeurs invités qu’on peut éventuellement mobiliser”, détaille le chercheur.
Mais cet accueil a un coût, que les universités ne peuvent assumer seules, rappelle-t-il. D’autant plus dans un contexte d’austérité budgétaire pour celles-ci.
Pour organiser un accueil à plus grande échelle, Mathias Bernard appelle au soutien des pouvoirs publics. “On demande à avoir un programme, soit à l’échelle française, soit à celle de l’Union européenne, qui nous permette de financer cet accueil dans des proportions qui soient au-delà de une ou deux personnes”, souhaite le président de l’UCA.
Dès le début du mois de mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, avait lui aussi émis le souhait d’accueillir “un certain nombre de chercheurs américains reconnus” dans un courrier adressé à l’Agence nationale de la recherche, aux organismes nationaux de recherche (CNRS, Inserm) et aux universités.
"On demande à avoir un programme, soit à l’échelle française, soit à celle de l’Union européenne, qui nous permette de financer cet accueil dans des proportions qui soient au-delà de une ou deux personnes”
Ces attaques menées contre la science et la recherche scientifique interrogent également les acteurs mondiaux du monde académique sur leur avenir. “Le meilleur moyen de lutter contre les forces de régression, c’est l’éducation. On le dit depuis le XVIIIe siècle et les Lumières, revendique Mathias Bernard. Je pense que c’est important de le réaffirmer et de voir les dépenses publiques dans l’enseignement supérieur et la recherche comme un investissement, dont le retour est inestimable financièrement, mais surtout sur le plan éthique, moral et politique”.
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