Après l'opération à l'abdomen du pape François ce mercredi, le Vatican a inauguré une nouvelle façon de communiquer sur la santé du souverain pontife, plus transparente. Cette intervention marque aussi un tournant dans l'histoire de l'Église catholique, qui entre désormais dans une nouvelle phase, "la dernière étape" du pontificat de François, âgé de 86 ans.
Depuis le début de la semaine une armée de journalistes est postée devant l’hôpital Gemelli de Rome. Dans cet établissement, où sont traditionnellement soignés les papes, François y a été opéré mercredi d’une hernie abdominale. Une invention qui semble marquer un tournant : pour le vaticaniste Jean-Marie Guénois, on entre dans "la dernière phase" du pontificat de François.
C'est le chirurgien du pape François, le Pr Sergio Alfieri lui-même, qui est venu rendre compte à la presse de l’état de santé rassurant du souverain pontife. Il est intervenu juste après l'opération, qui a duré trois heures sous anesthésie générale. "Cette fois, ce n’est plus le Vatican qui prend le micro mais un spécialiste qui parle en connaissance de cause", observe Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef au Figaro. "Cette conférence de presse a été très importante. On entre dans une nouvelle ère quant à la communication des sujets tournant autour de la santé du pape."
Cette volonté affichée de transparence tranche avec la communication confuse du Saint-Siège, notamment lors de l’hospitalisation du pontife en mars dernier pour une bronchite infectieuse. "Il y a eu des à-coups dans ce pontificat entre cette volonté de transparence et la réalité", estime le journaliste du Figaro. Le Vatican avait d’abord parlé d’examens de routine avant d’admettre les vraies raisons de son admission à l’hôpital Gemelli. Cette fois, on "lève le tabou" sur la santé du pape, mais il reste un "paradoxe" dans la communication globale du Vatican, remarque Jean-Guénois.
"D’un côté le pape François veut être extrêmement transparent" - il "donne très volontiers" des interviews et se présente "comme un homme comme un autre", observe le journaliste… D’un autre côté, "ce pape François il ne dit pas tout parce que malgré son souci de transparence, il a aussi sa pudeur, il n’aime pas trop non plus parler de sa faiblesse, il a un certain orgueil, il l’avait d’ailleurs reconnu quand il a dû être conduit sur un fauteuil roulant… " Pour le vaticaniste expérimenté "la sincérité médiatique d’une personnalité, qu’elle soit religieuse ou politique, est toujours à prendre avec précaution parce qu’il y a toujours des enjeux derrière..."
Si sa santé est scrutée par les médias du monde entier c’est bien parce que le pape est un chef d’État. "Il fait partie de ces leaders mondiaux qui dépassent de loin les frontières politiques et les frontière idéologiques", souligne Jean-Marie Guénois, qui rappelle la "très grande notoriété" dont il jouit "en dehors du monde catholique".
Mais on prend aussi conscience avec cette dernière opération chirurgicale d’un tournant historique. "On entre maintenant dans une étape qui sera la dernière étape du pontificat." François a 86 ans. Si l’on compare avec le dernier pape mort en fonction, Jean-Paul II (à l'âge de 84 ans) : "Je me souviens très bien, raconte Jean-Marie Guénois, qu’on avait à peu près les mêmes phénomènes." Des journalistes aux aguets, les caméras qui "se déplacent en masse au pied de l’hôpital Gemelli, on filme la fenêtre de la chambre, il n’y a rien à dire… Tout ça, ça peut durer des jours et des jours, on est suspendus aux communiqués médicaux…"
Certes, l’état de santé du pape François depuis l’opération est rassurant. Mais "on entre dans une phase où la santé du pontife romain sera scrutée et entre dans les sujets de préoccupation médiatiques".
On voit un homme âgé qui s’accroche, qui est extrêmement pugnace. Il est vraiment dans une dynamique d’aller de l’avant
La question de la renonciation est à nouveau dans les esprits. Car avant cette opération à l'abdomen, le pape avait subi en juillet 2021 une lourde opération du côlon. François souffre également du genou et se déplace essentiellement en fauteuil roulant. Malgré son état de santé fragile, ces dernières déclarations" au sujet de la possibilité d'une renonciation "consistaient à dire : C’est possible sur le principe mais ce n’est pas du tout envisagé", précise Jean-Marie-Guénois.
Lors du dernier voyage apostolique du pape en Hongrie, le journaliste du Figaro a pu observer de près le souverain pontife : "On voit un homme âgé qui s’accroche, qui est extrêmement pugnace. Il est vraiment dans une dynamique d’aller de l’avant." Avec sans doute dans le viseur le synode sur la synodalité, c’est-à-dire sur la gouvernance de l’Église "pour la rendre plus démocratique et plus décentralisée". Prévu en octobre 2023, c’est "l’un des objectifs des grandes réformes du pontificat", rappelle le vaticaniste. "Donc on ne le voit pas maintenant s’arrêter ! Il faudrait vraiment qu’il y ait un gros problème de santé pour qu’il le fasse."
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