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Où sont passés les cahiers de doléances ? 

Un article rédigé par Jean-Baptiste Labeur - RCF, le 16 février 2024 - Modifié le 16 février 2024
Le dossier de la rédactionOù sont passés les cahiers de doléances?

La promesse d’Emmanuel Macron de rendre publics les cahiers de doléances à l’issue du Grand débat national n’a jamais été tenue. Ces dizaines de milliers de contributions écrites par les Français durant l’hiver 2018-2019 dorment toujours dans les archives. 

Crédit photo :  F Scheiber / Hans Lucas.Crédit photo : F Scheiber / Hans Lucas.

Cinq ans après leur rédaction, les quelques 19 000 cahiers de doléances n’ont pas vraiment refait surface. Numérisés aux archives nationales, mais aussi dans les archives départementales, ils y sont aussi stockés physiquement. Ils comportent un certain nombre de données personnelles justifie l’Etat pour refuser une diffusion ouverte au grand public en open data. Les rédacteurs ont parfois laissé des noms, un numéro de téléphone, un mail ou une adresse dans l’attente d’une réponse.

Une anonymisation des contributions possibles 

Des arguments balayés par Rémy Goubert, président de l’association "rendez les doléances" : "C’est une question plus politique, que juridique. Je ne pense pas que ce soit insurmontable d’anonymiser ces documents. C’est possible". Les cahiers restent malgré tout consultables dans les archives, aux archives nationales pour les chercheurs, à condition d’en faire une demande et d'obtenir l'autorisation, ou bien aux archives départementales, où n’importe quel citoyen peut se rendre. "Mais lorsque les documents ne sont pas numérisés, la démarche est fastidieuse" rappelle Rémy Goubert.

Une majorité de contributions rurales

Sabine Ploux est chercheuse au CNRS à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Elle l’est l’une des premières à avoir eu accès à la totalité des 19 000 cahiers numérisés. "Une majorité des contributions provient du monde rural et elles sont liées à cette particularité. On voit beaucoup de choses en lien des questions sociales, des retraites, de l’inflation, beaucoup de choses sur les élus, mais aussi un sentiment d’injustice à la fois fiscale et sociale" explique-t-elle. 

"Petit" et "grand" une opposition binaire

Manon Pengam, maîtresse de conférence en sciences du langage à l’université de Cergy, travaille aussi sur ces cahiers et s’est focalisée sur les doléances du département de la Creuse. Elle aussi a remarqué, la récurrence de certains mots comme "retraite" et également une surreprésentation des adjectifs "petit" et "grand". "Ils vont dessiner nettement une opposition binaire entre des citoyens et des représentants politiques. Cette opposition va s’étendre à toutes les sphères sociales : les petites communes, les grandes métropoles, les grandes multinationales, les petites entreprises etc…" Des cahiers de doléances, ressort donc des marqueurs sociaux, assez clairs et une forte attente des Français au moment de la rédaction. Une attente pour l’instant déçue. 

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