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Philippe Delorme : "Il n'y a pas de petites missions au sein de l'enseignement catholique"

Un article rédigé par Paul-Joseph Bouladoux - RCF Sarthe, le 29 novembre 2022 - Modifié le 11 janvier 2024
L'invité de la rédactionPhilippe Delorme, secrétaire général de l'Enseignement catholique

Ce lundi 28 novembre a lieu la journée des communautés éducatives de l'enseignement catholique en Sarthe à l'Antares. Philippe Delorme, secrétaire général de l'enseignement catholique, a fait le déplacement au Mans pour assister à l'évènement qui a réuni 2300 personnes. Il a répondu aux questions de RCF Sarthe.

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Philippe Delorme, cette journée est un moment de fête et de partage. Lors de votre allocution, vous avez tenu à rendre hommage à toutes les personnes qui travaillent dans l'enseignement catholique.

Oui, Il n'y a pas de petites missions au sein de l'enseignement catholique. Chacun, là où il est - croyant ou non - participe à la réalisation du projet éducatif. Je prends souvent en exemple celui ou celle qui répond au téléphone car c'est l'accueil qui est important. La façon dont on répond au téléphone dit déjà quelque chose de notre accueil. 

Vous l'avez dit dans votre discours "l'Évangile est immuable, il s'agit de l'adapter aux enjeux de son temps." La Charte Écologie intégrale va dans ce sens ?

Complètement. Nous voyons qu'elle répond à un besoin de spiritualité, d'unifier le cœur, le corps et l'esprit et de se ressourcer par rapport à soi-même, aux autres, à la nature et à Dieu. On voit que la charte répond à ces enjeux. 

Les encycliques Laudato si' et Fratelli tutti y participent également. Vous avez rappelé vous-même l'inspiration de saint François d'Assise sur ces textes.

Ces encycliques nous inspirent. Effectivement, le pape François rappelle tout le temps qu'il faut aller vers une fraternité universelle. Cela va dans le sens du pacte éducatif global qu'il appelle et qui doit dépasser le cadre des frontières. 

Vous avez cité en exemple un projet mis en place par le diocèse de Nantes...

Oui, il s'agit de créer un label international pour des établissements. Le diocèse de Nantes l'a expérimenté durant plusieurs années. Aujourd'hui, tous les établissements de France peuvent demander ce label qui n'est pas seulement un projet basé sur l'enseignement des langues mais qui est un projet universel. 

Comment l'enseignement catholique peut-il être un laboratoire d'expérimentation de fraternité au quotidien ?

C'est justement en faisant prendre conscience aux élèves et aux adultes qui les accompagnent que nous sommes tous frères car fils et filles de Dieu. Car c'est dans les petits gestes du quotidien, dans la façon dont nous allons transmettre les connaissances, de la façon dont on va vivre le temps, par exemple dans la restauration ou en récréation, que l'on va faire découvrir aux jeunes qui nous sont confiés ce qu'est la fraternité. Il ne s'agit pas seulement d'accepter la différence mais d'aimer l'autre dans sa différence. 

Temps fort de votre discours, vous avez souhaité revenir sur les reproches d'élitisme social qui sont faites, encore récemment d'ailleurs, à l'enseignement catholique.

Oui, on dit que nous ne serions pas ouverts aux classes sociales les plus défavorisées. C'est faux. Jamais nous ne refusons un élève en raison de sa classe sociale. En revanche, il y a des obstacles financiers qui ne nous appartiennent pas. Nos élèves sont victimes de discriminations par rapport aux élèves du public. L'aide à la restauration n'est que très rarement ou insuffisamment accordée aux établissements privés. Cela constitue une charge énorme sur les familles qui n'ont plus la liberté de nous choisir. 

D'ailleurs, ces accusations prennent souvent appui sur des études qui ciblent les établissements cités dans des grandes villes ou les CSP+ sont davantage représentés. Vous avez souligné que l'enseignement catholique est un laboratoire de mixité dans le rural par exemple.

Bien sûr, à la fois dans le rural mais aussi là où nous sommes très représentés comme dans le grand Ouest ou dans le Nord où la mixité est très présente. Nous sommes peut-être parfois victimes de nos lieux d'implantation car nous sommes traditionnellement implantés souvent dans les grands centres urbains qui sont moins mixtes socialement et c'est logique qu'il y ait moins d'élèves issus des catégories sociales les moins favorisées dans ces établissements. 

Vous venez de parler du grand Ouest. Cela vous fait quoi d'être au Mans ?

J'en suis heureux. C'est toujours un plaisir de visiter les communautés éducatives, d'écouter ce qu'ils vivent. C'est ça qui me nourrit. Il faut favoriser l'initiative et la liberté pédagogique et éducative dont font preuve magnifiquement nos chefs d'établissement. 

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