Pierre Goursat, fondateur de la communauté de l'Emmanuel : un parcours de foi en deux étapes

Depuis plus de 15 ans, le Père Francis Kohn est postulateur de Pierre Goursat et a donc introduit son processus de canonisation. Il est l’un des rares membres de la communauté de l'Emmanuel encore aujourd'hui à l'avoir connu en 1969, soit trois ans avant qu’ils commencent à prier ensemble. 

Le renouveau charismatique : une histoire extraordinaire dans les années 70

Les premiers qui ont fait cette expérience dans l'Église catholique sont quelques étudiants de l'université de Duquesne, dans le Michigan aux États-Unis, en 1967. "Au cours d'une retraite spirituelle, ils ont fait cette expérience qu'on appelle 'l'effusion de l'esprit'", raconte le prêtre. Par la suite, des groupes de prière se sont multipliés, aux États-Unis, au Canada, puis dans d'autres pays.

Ils ont demandé aussi à recevoir cette expérience de l'effusion
de l'esprit et ont été transformés dans leur vie spirituelle

Le 22 mars 2025 est mort Xavier Le Pichon. Le couple français Xavier et Brigitte Le Pichon a découvert aux États-Unis le renouveau charismatique catholique et l’a importé en France dans les années 70. Il est donc issu d’une filiation avec ce que vivaient un certain nombre de courants pentecôtistes ou évangélistes, notamment aux États-Unis et au Canada.

À leur retour en France début 1972, Brigitte a fait part de leurs témoignages de renouvellement personnel au Père Caffarelle. En février 1972, celui-ci a pris la décision d'organiser une retraite à laquelle il a invité une quarantaine de personnes, dont Pierre Goursat et Martine Lafitte. "Ils ont aussi demandé à recevoir cette expérience de l'effusion de l'esprit et ont été transformés dans leur vie spirituelle", assure le Père Francis. C'est ainsi qu'a commencé le premier groupe de prière qui comptait cinq personnes au départ et qui en a compté 500 un an plus tard.

La conversion de Pierre Goursat en 1933 

Pierre Goursat a reçu une éducation assez classique. Il a fait l'expérience très forte d’une conversion, alors qu’il a contracté très jeune la tuberculose. Cette expérience spirituelle vécue pendant qu’il était au Plateau d'Assi, un sanatorium dans les Alpes, va orienter toute sa vie. "Le Seigneur lui a montré qu'il l'appelait à être un adorateur et un évangélisateur au cœur du monde", raconte son postulateur. 

Le Seigneur lui a montré qu'il l'appelait à être un adorateur
et un évangélisateur au cœur du monde

En France, de nombreux mouvements apostoliques très différents et très novateurs pour l'époque sont apparus. Pierre Goursat a suivi tout cela de très près après sa conversion, tout en travaillant dans la pension de famille que sa mère tenait. L'évangélisation est ce qui attirait le plus Pierre, comme le raconte le père Francis : "Toute sa vie après sa conversion, Pierre a vraiment eu le désir de servir l'Église". Il n'avait pas spécialement le désir de fonder une communauté religieuse.

Pierre Goursat, renouvelé par l’Esprit saint à 57 ans

Avant de rencontrer Xavier et Brigitte Le Pichon, Pierre a entendu parler du renouveau charismatique en novembre 1971 par un prêtre trinitaire canadien, le père Jean-Paul Réjimbal. "Pierre Goursat lui-même, d'ailleurs, était plutôt réticent au départ", raconte le prêtre. Mais, il a été frappé par la solidité de cet homme trinitaire qui a un grand rôle social du fait de sa vocation. Pierre Goursat trouvait que cet homme avait beaucoup de bon sens. 

Il a perçu que ce renouveau charismatique était la réponse
que le pape Jean XXIII avait invoquée lorsqu'il avait convoqué
le concile Vatican II en 1962

Surtout, Pierre a tout de suite vu : "Lui-même a traversé au XXe siècle les crises et les bouleversements de l'Église, a perçu que ce renouveau charismatique était la réponse que le pape Jean XXIII avait invoquée lorsqu'il avait convoqué le concile Vatican II en 1962". En effet, le pape avait invoqué sur l'Église une nouvelle Pentecôte et c’est un signe qu'attendait personnellement Pierre Goursat.

Pierre Goursat a été déclaré vénérable par le pape François. Sans oublier ses faiblesses, le Père Francis Kohn confie : "Je pense que ce qui a été la marque de fabrique de Pierre Goursat, c'est, après sa conversion, un amour indéfectible de l'Église et une humilité".