La France va prendre le tournant de la 5G. C’est ce qu’a affirmé Emmanuel Macron lundi alors que le déploiement de ce réseau provoque une importante levée de boucliers. Jugée trop dangereuse pour l'environnement et la santé, la 5G ne fait pas l'unanimité.
La 5G est le réseau mobile cinquième génération. Il promet un débit 10 fois supérieur à la 4G, le réseau actuel qui, s’il n’est pas disponible partout en France, est déjà saturé.
Son déploiement ne devrait pas tarder. Les fréquences de cette 5G vont faire l’objet d’enchères à partir du 29 septembre. Les opérateurs pourront donc obtenir des blocs de fréquences et proposer cette 5G à leurs clients.
Mais plus que cette rapidité, les opérateurs défendent de nouveaux usages pour les consommateurs et les industriels. Nicolas Guérin, le président de la fédération française des télécoms et secrétaire général du groupe Orange, assure que le réseau va permettre de "piloter l’éclairage urbain et celui des vitrines. Cela va permettre de rendre les routes plus intelligentes et de faciliter la gestion des flux sur les routes". La 5G serait également une vraie force pour les industries notamment pour celles qui ont recours à l’intelligence artificielle et à la robotique.
Mais cela ne fait pas l’unanimité. Dimanche dernier, une soixantaine d’élus de gauche dont des écologistes ont publié une tribune dans Le Journal du Dimanche pour demander un moratoire sur la 5G, un délai donc qui permettrait d’ouvrir un débat sur la question.
L’association Agir pour l'environnement avait lancé une pétition pour dénoncer certains risques. Son délégué général Stéphen Kerckhove estime que "cette 5G va justifier l’arrivée assez massive d’objets connectés dont la conception va nécessiter beaucoup de terres rares et va engendrer une surconsommation électrique et des émissions de gaz à effet de serre supplémentaires".
D’autres risques sont évoqués, les ondes émises par les antennes pourraient être dangereuses pour les électrosensibles, souffrant sensations de brûlures, de picotements et d’étourdissements au contact des ondes. Beaucoup d’usagers ont également peur pour leurs données personnelles. Le géant chinois Huawei doit participer à l’installation de la 5G en France et certains craignent déjà qu’il puisse voler des données à des fins d’espionnage par exemple.
Face à cette contestation, le président Emmanuel Macron n’entend pas plier. Il a établit un parallèle lundi depuis l’Elysée, entre ces opposants et la communauté amish, opposée à toute forme de progrès et de modernité. Une position que Stéphen Kerckhove qualifie de "surdité démocratique". Le président Emmanuel Macron veut aller au bout du projet de déploiement de la 5G.
Le point de blocage, c’est l’absence d'étude sur le sujet. L’Ademe, l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, doit en présenter une en 2021, soit plusieurs mois après le déploiement de la 5G. Les opposants demandent donc un délai pour connaître les risques du réseau avant qu’il ne soit déployé.
Certains appellent à prendre le temps de la réflexion. Hugues Ferreboeuf, en charge de la sobriété numérique au sein du groupe de réflexion The Shift Project. Selon lui, la 5G pourrait avoir des conséquences à long terme : "on sait aujourd’hui que l’accroissement des activités numériques a plutôt coïncidé avec une augmentation des émissions [de gaz à effet de serre] et donc il faut comprendre comment on peut changer les choses".
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