Isère
Cette semaine, programme un peu exceptionnel entre 11h45 et 12h puisqu'après notre traditionnelle chronique expo, nous recevons Gilles Pillet, le président de l'association Cultures du Coeur. Un collectif qui lutte pour un accès facilité à la culture et aux loisirs.
Qui, aujourd'hui, a accès à la culture ? Pourquoi est-ce primordial ? Et le rôle d'un gouvernement là dedans ? Ce sont les questions que nous posons à notre invité.
Si l'art est un marqueur fort de la culture française, il semble, encore aujourd'hui réservé à un public initié, fortuné ou élitiste. Un secteur riche, foisonnant mais accessible qu'à ceux qui osent ou peuvent pousser les portes des musées, des théâtres ou des cinémas.
Pour des raisons géographiques, de moyen, de confiance ou de connaissance, beaucoup renoncent à la culture, souvent perçue comme accessoire. En 2019, plus de la moitié des français confiaient ne pas s'être rendu au musée lors des 12 derniers mois (étude Statista) bien que la fréquentation ait augmenté de 20 % entre 2009 et 2019 selon le ministère de la Culture.
Pourtant, pour Gilles Pillet, président de Cultures du Coeur, l'art, les loisirs, permettent de vivre en société. "La base de tout, avant même de satisfaire vos besoins primaires, c'est la culture. La culture vous socialise et si vous voulez être un individu social, vous devez avoir ce bagage culturel".
A l'inverse, une mise à l'écart de la culture serait synonyme de mise à l'écart du monde. Les populations les plus absentes des établissements culturels étant, aussi, les moins visibles dans la société. "Nous accompagnons des personnes qui sont migrantes par exemple ou des chômeurs de longue durée, des ménages précaires, handicapés" explique Gilles Pillet "qui ne peuvent pas ou ne se sentent pas légitime de se rendre au théâtre ou au musée".
Depuis plus de 20 ans, l'association Cultures du Coeur organise des sorties culturelles avec des travailleurs sociaux. Ces médiateurs vont solliciter les personnes intéressées, préparer la visite avec elles et les accompagner sur place. Au retour, l'heure est au débriefe. "Les personnes qui pensent qu'elles n'ont pas le droit de cité vont pouvoir livrer leurs impressions, leurs ressentis" insiste Gilles Pillet. L'objectif est simple, permettre à ce public de retourner seul au théâtre ou au cinéma avec confiance et assurance.
Les années 2020-2022 ont été destructrices. Lorsque l'on demande à l'association si la pandémie a agit comme un facteur aggravant dans la difficulté d'accéder à la culture, la réponse ne se fait pas attendre. Oui, elle l'a été.
Qualifiés de non-essentiels, restés fermés durant de longs moins, les établissements culturels n'ont pas pu jouer leur rôle fédérateur. Le collectif a dû trouver des solutions pour ne pas perdre le contact avec ses bénéficiaires, pour ne pas menacer la relation fraîchement établie avec l'univers artistique. "Nous avons lancé l'opération "Allô l'artiste" qui permettait, de mettre nos membres en relation avec un conteur, un artiste..." explique Gilles Pillet "c'est un public qui n'a pas d'ordinateur, qui souffre aussi de la fracture numérique, il a fallu trouver un moyen de faire vivre la culture, au téléphone".
Cultures du Coeur attend du prochain gouvernement qu'il considère l'accès à la culture comme un droit fondamental et qu'il prenne les mesures qui s'imposeront pour rendre cet accès possible, partout et pour tous.
"Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent." Article 27 de la Déclaration des Droits de l'Homme.
Si bons nombres d'avancées ont déjà eu lieu en la matière, comme le dispositif du Pass Culture, salué par Gilles Pillet, aujourd'hui l'association attend que des aides financières similaires puissent être adressées au plus grand nombre.
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