Présidentielle 2022 : l'Europe veut-elle la mort de la lavande ?

Le chien monte la garde et grogne un peu sur les nouveaux visiteurs. Au bout d'un petit chemin de terre, une vielle maison en pierre domine la vallée non loin de Montélimar. Ici, à l'abri (relatif) du Mistral, le Sud vient s’échouer sur les contreforts drômois. En cette saison, la couleur pourpre ne règne pas encore, mais les rangs de lavande gris clair se distinguent sur l'ocre des terres. La carte postale est encore en sommeil. Odile Guerpillon Tassi nous accueille dans son mas de la Bastide de Mazenc. Cela fait quatre ans qu'elle s’est installée ici, après avoir débuté son activité un peu plus au Sud. Après une carrière dans le marketing, elle a choisi de se tourner vers la terre. "La crise de la quarantaine" explique-t-elle en souriant.

 

Entre les rangs, le tracteur fait le gros du travail. Mais à proximité des plants, il n'y a que la binette et l'huile de coude pour lutter contre les mauvaises herbes. La plaie des lavandiculteurs. "Si en récoltant on laisse des végétaux verts ou fleuris, et bien ils vont passer dans la distillation et s'il y en a beaucoup on n'aura une huile essentielle altérée" explique Odile Guerpillon Tassi. Sur neuf hectares de terres, elle cultive en bio de la lavande et du lavandin des variétés différentes. "Le lavandin, c'est un hybride par pollinisation entre la lavande vraie et la lavande aspic. Au niveau de la taille, on voit que le plant de lavande vraie est plus petit que celui de lavandin" détaille Odile.

 

Au nez, lors d'un test à l’aveugle, les parfums des huiles essentielles se distinguent aussi, du plus léger, le lavandin au plus puissant : la lavande aspic. La distillation par alambic donne en moyenne de 30 à 100 kilos d’huile par hectare. C’est ce que l'on peut attendre selon les variétés et l'impact de la météo. Il faut rajouter la menace de certains insectes comme la cicadelle.