Le procès des attentats du 13 novembre 2015 s'ouvre ce mercredi 8 septembre. L’ancien président de la République François Hollande témoignera le 10 novembre prochain pour répondre, dit-il, "à toutes les questions qui se posent". Pour RCF, il revient sur la nuit qui a marqué son quinquennat et ce qu’il en retient.
François Hollande était président de la République ce 13 novembre 2015. Il assistait au match amical de football entre la France et l'Allemagne, comme 80.000 personnes, au stade de France, quand a retenti la première explosion qui allait marquer le début de cette série d’attentats. "Il a fallu faire face, tout en ayant des émotions, des sentiments - et vous imaginez lesquels, puisque j’avais moi-même parlé d’une 'horreur' - mais j’avais aussi à prendre des décisions lourdes pour le pays", se souvient l’ancien chef d’État.
François Hollande s'est rendu plus tard dans la nuit au Bataclan, après l'assaut des forces de l'ordre, pour aller à la rencontre des rescapés. Il confie que ce n’est que plus tard, après son mandat, qu’il a pu tisser un autre lien avec les victimes, une fois sorti de son rôle de président : “Je l’ai fait de manière plus libre, plus direct avec des associations qui ont voulu des rencontres plus personnelles. et je mesure ce que doivent ressentir aujourd’hui un certain nombre de familles avec ce procès qui s’ouvre”, dit-il.
François Hollande témoignera le 10 novembre prochain, après avoir été cité comme témoin par l’association Life for Paris. Une décision qu’il a prise afin de pouvoir répondre à toutes les questions qui se posent : "à la fois sur ce j’ai décidé au nom de la France pour lutter contre le terrorisme dans les opérations extérieures, pour savoir si j’ai pris les bonnes décisions, ça fait partie des questions et je les respecte", explique-t-il. Comme pour le procès des attentats de janvier 2015, l’audience sera intégralement filmée pour les archives nationales. C’est une autre des raisons qui ont poussé François Hollande à accepter de témoigner : "C’est important que nous ayons tous les témoignages, à commencer par le mien."
Une des questions qui lui sera certainement posée, c’est : est-ce que cet attentat aurait pu être déjoué ? "C’est un attentat qui a été préparé en Syrie, et mis en œuvre à partir de la Belgique. Il était difficile d’avoir l’information exacte sur les terroristes qui pouvaient être mobilisés, sur le moment où ils pouvaient porter une attaque." François Hollande ajoute : "Ça a justifié encore après les attentats une plus grande coordination entre les services, et ma décision ensuite de renforcer la lutte contre l’État islamique."
Trois jours après les attentats, François Hollande réunira sénateurs et députés en congrès à Versailles, au cours duquel il proposera la déchéance de nationalité des individus condamnés pour actes de terrorisme ou atteinte aux intérêts de la Nation. Il sera obligé d’y renoncer quatre mois plus tard, un sujet qui fragmentera la gauche et affaiblira l’ancien président.
François Hollande se retrouvera donc, lors de son témoignage, devant les accusés : un moment qui s’annonce redoutable : “redoutable de regarder ceux qui nous ont fait la guerre, nous ont frappé, ont assassiné nos proches, ont blessé de manière irrémédiable des centaines de personnes”. Reste à savoir si les accusés répondront aux questions qui leur seront posées et apporteront par leurs réponses, un peu de paix aux victimes et aux familles endeuillées.
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