LE POINT DE VUE DE MARIE-HÉLÈNE LAFAGE - On a beaucoup évoqué ces derniers temps les conséquences écologiques de la réélection de Donald Trump, notamment avec la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat. Les mesures annoncées par le 47e président de la première puissance mondiale semblent être tout sauf une bonne nouvelle pour la planète.
Marie-Hélène Lafage, consultante et enseignante en politique de transition écologique, examine quelles pourraient être les réelles incidences de ce second mandat de Donald Trump sur l’écologie.
"On va forer, bébé, on va forer" : avec ce slogan de campagne en faveur des énergies fossiles, le président réélu des États-Unis avait clairement annoncé la couleur. Dès son investiture, il a signé une série de décrets, comme promis, le tout orchestré dans une mise en scène spectaculaire devant les médias. Parmi ces décrets, la sortie de l’Accord de Paris sur le climat, qualifié par Trump d’"escroquerie injuste et unilatérale."
Le site CarbonBrief a estimé le coût environnemental de ce retrait : 4 milliards de tonnes équivalent CO₂ supplémentaires pourraient être émises d’ici 2030, soit l’équivalent des émissions annuelles combinées du Japon et de l’Europe. De plus, Trump a déclaré un "état d’urgence énergétique" en faveur des énergies fossiles, prévoyant l’assouplissement des règles concernant les forages pétroliers, notamment dans la réserve arctique du nord de l’Alaska. Il a également annoncé son intention de revenir sur plusieurs mesures adoptées sous Joe Biden, en s’opposant aux éoliennes et à la promotion des véhicules électriques.
Le retrait des États-Unis, le deuxième plus grand émetteur de gaz à effet de serre après la Chine, pourrait avoir un effet d’entraînement négatif sur d’autres pays. Certains pourraient être tentés de se retirer eux aussi, ou de relâcher leurs efforts climatiques. Cependant, il convient de noter que Donald Trump, malgré ses annonces, n’a pas les pleins pouvoirs dans un système fédéral. Lors de son précédent mandat, après la sortie de l’Accord de Paris en 2017, de nombreuses villes et États américains s’étaient engagés à respecter l’accord, ce qui pourrait se reproduire.
En outre, Joe Biden, au cours de son mandat, a fait adopter plusieurs mesures environnementales préventives qui ne peuvent pas être annulées instantanément. Certaines nécessiteront l’adoption de nouvelles lois par le Congrès, un processus long et incertain. Par ailleurs, les succès obtenus grâce au soutien de Biden aux énergies renouvelables ont convaincu de nombreux États américains, y compris républicains, en créant des emplois. Il n’est pas certain que ces États souhaitent revenir en arrière, même sous l’impulsion de Trump. Enfin, les tendances économiques mondiales ne jouent pas en faveur de son programme anti-écologique : les énergies renouvelables gagnent rapidement du terrain, avec la Chine en tête, qui investit massivement dans ce secteur stratégique.
Ces déclarations illustrent bien la méthode Trump : des annonces fracassantes visant à provoquer un effet de sidération. L’objectif ? Envoyer des messages à son électorat, mais aussi au reste du monde, en affirmant que les États-Unis restent la puissance dominante, prête à tout pour défendre ses intérêts dans un contexte de rivalité économique avec la Chine.
Dans ce contexte, l’Union européenne devra plus que jamais assumer un rôle de leadership pour maintenir l’Accord de Paris, en mobilisant d’autres pays pour préserver cet engagement mondial. En 2017, le retrait des États-Unis n’avait pas causé la mort de l’Accord de Paris. Cette fois encore, la communauté internationale devra relever le défi.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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