Les élections sénatoriales auront lieu dimanche pour renouveler la moitié de la Chambre haute. 172 sièges sont remis en jeu dans les départements dont les numéros administratifs vont de 1 à 36 et de 67 à 90. Mais les enjeux politiques sont limités puisque le Sénat devrait rester à droite.
Quelques jours après les élections municipales, les conseils municipaux ont désigné les grands électeurs chargés d’élire les sénateurs. Ces grands électeurs sont composés, à 95%, des délégués des communes.
Ces élections pourraient donc être une sorte de réplique du scrutin municipal. Avec des enjeux politiques limités, les partis vont essayer de tirer leur épingle du jeu. "On sait que pour La République en Marche, le train est passé. Le parti écologiste peut espérer glâner quelques sénateurs. La majorité en place LR-UDI espère elle renforcer sa position", explique Thomas Frinault, maître de conférences en science politiques à l'université de Rennes-2.
Après sa déroute aux élections municipales, les sénatoriales s’annoncent compliquées pour la République en Marche (LREM). En 2017, le groupe constitué de sénateurs élus sous d’autres étiquettes avait déjà été déçu de son score, sans parvenir à se consolider. Aujourd’hui, il ne compte que 23 membres. Le scrutin s’annonce d'autant plus difficile que le chef de file des sénateurs macronistes, François Patriat, est en danger en Côte d'Or. Cet ancien socialiste "doit faire face au retour du bâton. Ses camarades socialistes essayent de lui faire payer son rattachement à Emmanuel Macron", explique le politologue Romain Pasquier.
Actuellement, il n'y a plus qu'une seule élue Europe Ecologie les Verts encartée au Parlement : la sénatrice Esther Benbassa. Les autres sont rattachés soit au Groupe communiste républicain citoyen et écologiste soit au Groupe du rassemblement démocratique et social européen. Mais pour Thomas Frinault, maître de conférences en science politiques à l'université de Rennes-2, il ne faut pas s’attendre à une vague verte. "Quand vous regardez ces électeurs communaux, il y a une forte représentation des petites communes du tissu rural. Et dans ce tissu rural, ce n'est pas là où les écologistes ont fait une percée", explique-t-il. Les écologistes n’ont finalement remporté qu’une douzaine de villes de plus de 20 000 habitants, un vote qui s’est concentré dans les grandes villes, il n’est donc pas gagné que le vote des grands électeurs corresponde à cette tendance.
Depuis 50 ans, se pose la question de la suppression du Sénat. Sans obtenir pleinement de réponse. C'était déjà la question posée lors du référendum de 1969 proposé par le général de Gaulle. Le "non" l'a emporté, obligeant le président de la République à démissionner. Depuis, régulièrement, des politiques critiquent cette institution. Mais elle tient bon. Certains juristes et politiques de tous bords la défendent pour l’équilibre des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif.
Armel Le Coz, co-fondateur du réseau Démocratie Ouverte, un collectif citoyen qui souhaite voir émerger une démocratie participative, estime qu'il faut "une réforme en profondeur de la Vè République. C'est important d'avoir un représentation des territoires mais pas dans cette forme". Il propose pour cela de créer des chambres de citoyens à l’image de ce qui a été fait pour la convention climat. "C'est très intéressant de coupler la démocratie délibérative et la démocratie directe. Et faire choisir des options à des citoyens et les faire voter ensuite par réferendum", propose-t-il.
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