Réforme des retraites : le casse-tête de l'emploi des seniors

Les difficultés rencontrées pour trouver du travail ne concernent pas que les jeunes demandeurs d’emploi, mais aussi les seniors en réinsertion professionnelle. Depuis 2000, on remarque une augmentation de 25% du taux d’embauches chez les 55-64 ans mais ces personnes ont tout de même de réelles difficultés à trouver du travail et sont celles qui restent le plus longtemps sans emploi. 

Ces difficultés sont causées par de nombreux facteurs : le refus des entreprises à employer des seniors ou des personnes avec une santé instable, le manque de confiance en soi ou encore la pénibilité des offres proposées. "Les entreprises ne veulent plus employer des personnes de plus de 55 ans, déclare François Desriaux, rédacteur en chef du magazine Santé & travail, les entreprises veulent des gens disponibles à 100% et au top de leurs capacités physiques", ajoute-t-il. Souvent licenciés pour des raisons économiques, les seniors sont la première cible de licenciement des employeurs. 

La pénibilité de l’emploi

Avec cette réforme des retraites très controversée, la pénibilité de l’emploi est elle aussi posée sur la table des débats. "Cette réforme peut être plus ou moins acceptée selon l’emploi. Pour les préparateurs de commandes, les caristes, les ouvriers ou les aides-soignantes en Ehpad, le refus qu’ont ces personnes pour le report de l’âge légal du départ à la retraite est compréhensible", explique François Desriaux. Il revient sur les conditions difficiles de ces travaux pénibles et les répercussions sanitaires que subissent les salariés. Douleurs physiques, problèmes de sommeil ou encore des missions trop difficiles sont quelques-uns des nombreux problèmes rencontrés pour les seniors. Sans oublier les personnes avec des pathologies graves qui elles aussi rencontrent beaucoup d’embarras dans la réinsertion professionnelle.

Toutes les enquêtes nationales et internationales témoignent que l'activité professionnelle exerce une pression temporelle de plus en plus forte, et cette pression devient difficile à supporter avec l’âge. Des problèmes qui peuvent s'expliquer par les conditions de travail qui n’ont pas été améliorées et ont eu un réel impact physique et mental sur ces demandeurs d’emploi.

Comment améliorer les conditions de travail et la réinsertion professionnelle ? 

En moyenne, les demandeurs d’emploi de plus de 55 ans restent 771 jours au chômage. Paule-Martine, une auditrice de l’émission et ancienne coach consultante formatrice en entreprise, avoue l’inutilité de rédiger des centaines de lettres de motivation. Pour l'employabilité des seniors, elle insiste sur le fait qu'il ne sert à rien de viser les grosses entreprises, car elles optimisent l’âge de leurs salariés. Il faut donc plutôt privilégier les petites et moyennes. "Les DRH doivent se préoccuper de l’accompagnement des seniors lors de leur réinsertion dans l’emploi", déclare l’auditrice.

Pour faciliter la réinsertion, de nombreuses structures plus ou moins connues œuvrent et aident les seniors. C’est le cas de l’association Solidarités nouvelles face au chômage. "Nous sommes 1 400 bénévoles répartis dans 191 groupes de solidarité et nous sommes formés à l'accompagnement. On propose par exemple des ateliers aux seniors pour les préparer aux entretiens afin de les accompagner à recréer des liens sociaux", témoigne Nathalie Hanet, présidente de l’association. Pour elle, le système français devrait s’inspirer de la Finlande, qui forme les seniors à de nouveaux postes pour développer davantage le monde du travail. "Il aurait fallu être capable d’améliorer les conditions de travail avant de vouloir reculer l’âge de départ à la retraite", témoigne finalement François Desriaux.