Réforme des retraites : quelle société voulons-nous ?
En partenariat avec LE SECOURS CATHOLIQUE-CARITAS FRANCE
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Après la tempête à l'Assemblée, le calme du Sénat ? L'épineux projet de réforme des retraites arrive ce mardi au palais du Luxembourg. Son examen par les députés n'ayant donné lieu à aucun vote, c'est le texte initial du gouvernement qui sera présenté aux sénateurs. Samedi, Emmanuel Macron a appelé ces derniers à "enrichir ce texte".
Le Sénat jouera sa réputation dans les jours à venir, par contraste avec le triste spectacle offert au palais Bourbon. "Nous sommes simplement une assemblée qui ne pratique pas l'obstruction", lâche Philippe Bas, sénateur Les Républicains de la Manche. Loin du tumulte causé par quelques députés "extrémistes" selon lui, les élus de la chambre haute se livreront à un débat constructif. En vue, notamment, de mieux valoriser les femmes, "pénalisées pour leurs retraites" si le texte gouvernemental en restait là.
A ce sujet, Bruno Retailleau, chef de file de la droite sénatoriale, annonçait dimanche dans Le Parisien que son groupe amenderait le texte en faveur d'une "politique nataliste" et au profit des mères de famille. "Elles cumulent davantage les responsabilités familiales et professionnelles", abonde Philippe Bas, soulignant que les mères "s'arrêtent une partie de leur vie active pour se consacrer à leurs enfants".
On met plus de beurre dans les épinards quand il y a deux salaires à la maison plutôt qu'un seul
Le questeur du Sénat salue une politique familiale française qui "a été longtemps exceptionnelle". En conséquence, "en Allemagne, c'est enfants ou travail. En France, c'est enfants plus travail", schématise-t-il, mettant en regard les deux rives du Rhin. "Ça permet d'avoir des familles plus nombreuses", estime-t-il, car "on met plus de beurre dans les épinards quand il y a deux salaires à la maison plutôt qu'un seul". Il invite à préserver ce modèle : "Il faut permettre la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle".
Pour l'exécutif, les séances au palais du Luxembourg s'annoncent moins harassantes que la marathon de l'Assemblée : les sénateurs réclamaient depuis longtemps une réforme de ce type. Philippe Bas regrette justement un réveil tardif. "Si on avait fait la réforme des retraites sous Hollande ou sous Macron I, on n'en serait pas là", grince-t-il. Sans repousser l'âge légal de départ à la retraite, la réforme Touraine, votée en 2014, prévoyait toutefois l'allongement de la durée de cotisation.
"La progressivité est beaucoup plus faible qu'elle ne l'aurait été normalement si cette réforme avait été faite il y a dix ans, et la progressivité, c'est ce qui permet d'adoucir les réformes des retraites", soupire-t-il. C'est ce manque d'anticipation, et non la réforme en elle-même, qui provoquerait des frustrations. "C'est très dur pour les gens qui approchent l'âge de la retraite de voir d'un seul coup s'éloigner la retraite", compatit le sénateur. "Ne tardons plus, maintenant", presse-t-il.
Avant même le début de ses débats en séance, nul ne doute que le Sénat fournira un travail de fond sur les retraites. Ses membres n'étant pas élus au suffrage direct, cette institution demeure injustement méconnue. "Nous avons un rôle très fort de contrôle de l'administration et du gouvernement", s'élève Philippe Bas.
Nous avons un rôle très fort de contrôle de l'administration et du gouvernement
Le sénateur se fait juriste. "Dans la cinquième République, il y a la plupart du temps une sorte d'harmonie fonctionnelle entre le président, le gouvernement, la majorité à l'Assemblée nationale", analyse-t-il. "Il reste, pour incarner dans toute sa plénitude la fonction parlementaire, un Sénat qui peut être un contre-pouvoir libre, indépendant, non-aligné" scande-t-il dans une formule aux accents gaulliens.
Depuis 2002, les députés sont élus dans la foulée du président de la République. Le Sénat, lui, a conservé son calendrier électoral propre. Philippe Bas y voit un gage d'autonomie. "Les sénateurs ne sont pas élus en même temps que le président de la République et sur son nom", ce qui leur garantit de n'être "inféodés à aucune puissance". Il précise, comme pour prévenir Borne, Dussopt et consorts que compromis n'est pas compromission : "Et en particulier jamais inféodés au gouvernement".
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