Il a été juge dans l’affaire Robert Boulin, dans le volet financier de l’affaire Karachi, alors qu'Edouard Balladur et François Léotard sont actuellement jugés par la Cour de justice de la République, mais aussi dans l’affaire Kerviel, pour ne citer qu’elles. Renaud Van Ruymbeke publie "Mémoires d’un juge trop indépendant", aux éditions Taillandier. Un ouvrage dans lequel il met en cause l’indépendance de la justice.
Si la justice n’est toujours pas totalement indépendante selon le juge, elle a fait du chemin. "La justice n’est pas totalement indépendante. Il existe encore des liens entre le garde de Sceaux et le procureur. Je prône dans ce livre la rupture de ce lien. Il y a une progression mais nos institutions sont restées à l’ancienne et il y a besoin d’une grande réforme de la justice", affirme Renaud Van Ruymbeke. "Ce n'est pas normal dans une démocratie que la justice soit accusée", ajoute-t-il.
Un juge d’instruction a été récemment nommé pour enquêter sur Eric Dupont-Moretti pour prise illégale d’intérêt. L’actuel garde des Sceaux est soupçonné d’avoir ordonné une enquête administrative contre trois magistrats du Parquet national financier (PNF) parce qu’ils avaient enquêté sur lui alors qu’il était encore avocat. "Le garde des Sceaux, c’est un poste à risque, difficile, assure le juge Van Ruymbeke. Le garde des Sceaux est toujours un pouvoir dans la justice. Ce n’est pas une bonne chose car on va le suspecter. La justice devrait être totalement indépendante."
Dans sa carrière, Renaud Van Ruymbeke a traité de nombreux dossiers relatifs à des malversations financières comme l’affaire Kerviel, Cahuzac, ou encore celle visant l’actuel président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand. La corruption est un enjeu primordial pour celui qui en 1996, a signé l’appel de Genève contre la corruption.
"Il n’y a jamais eu autant d’argent sale dans les paradis fiscaux. On a énormément d’argent qui est caché dans ces pays et on ne fait rien pour récupérer cet argent. C’est une question de justice. Il faut une volonté politique, européenne et mondiale", affirme le juge.
La justice ne doit pas opérer de censure sur la presse, un changement qu'a constaté le juge tout au long de sa carrière. "À partir du moment où la presse révèle une affaire, on ne peut plus l’étouffer. La justice est informée, elle vérifie. Si c’est vrai, elle va en tirer les conséquences. Le temps judiciaire n’est pas le temps médiatique", affirme le juge Van Ruymbeke.
"Les journalistes ne doivent pas se mettre d’autocensure. Ce n'est pas parce qu'il y a une enquête judiciaire que les journalistes doivent s’arrêter d’écrire. Les gens ont le droit d’être informés", conclut-il.
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