Acte 9 de la mobilisation contre la réforme des retraites. Malgré le recours au 49.3 et le rejet des motions de censure, les manifestants continuent à donner de la voix. Face aux récentes déclarations du président de la République, ils comptent bien poursuivre le mouvement en réponse au "mépris du gouvernement". C'est le cas des grévistes de la CGT Energie de Savoie qui bloquent, depuis le 6 mars dernier, trois centrales de production électrique.
Ils se relaient jour et nuit depuis près de trois semaines. Sur le site hydroélectrique de la Bâthie, les grévistes ont la situation bien en main, ce sont eux qui régulent le niveau de production avec un objectif, infliger une punition économique et politique au gouvernement. "Nous restons à un niveau minimum pour empêcher la spéculation, les pays voisins ne peuvent pas venir faire leurs "courses" en France, qui est pourtant à la pointe sur le secteur de l'énergie. Comme ça, on s'en prend aux marchés financiers" explique Lionel Chanut, secrétaire général de la CGT Energie Savoie. Il l'assure, nos voisins sont fortement impactés par la situation et commencent à voir d'un mauvais oeil ces grèves... et cette réforme. En revanche, le syndicat tient à éviter le black-out complet, hors de question de mettre les Français dans le noir. Mais si la mobilisation perdure, elle pourrait avoir d'autres conséquences et cette fois dans l'Hexagone : plusieurs chantiers prévus sur des sites nucléaires pourraient commencer en retard, eux aussi bloqués par les manifestants.
Lors d'une interview accordée mercredi (22 mars) à France 2 et TF1, Emmanuel Macron a dit vouloir poursuivre le processus démocratique de sa loi, mais a invité les syndicats à rejoindre la table des négociations pour aborder, notamment, la question de "l'usure au travail". "C'est de la rigolade" lâche Lionel Chanut "des propositions nous en faisons depuis 2010, on ne nous a jamais écouté, nous ne négocierons rien autour de son texte". Un regard partagé par les représentants nationaux des syndicats français, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT a également fustigé le manque de "décence" de la proposition d'Emmanuel Macron.
Après mai 1968, je crois en un mai 2023
Des interventions présidentielles qui, loin d'avoir calmé les esprits, semblent plutôt avoir mis de l'huile sur le feu. Face à un chef de l'Etat estimant que "la foule qui manifeste n'a pas de légitimité face au peuple qui s'exprime à travers ses élus", la rue répond par une mobilisation de plus en plus massive. "La démocratie n'existe plus" estime Lionel Chanut "il ne respecte pas l'avis de l'Assemblée nationale, il passe en force". Le représentant syndical assure que de plus en plus de site des Pays de Savoie rejoignent les actions de blocages, mettent en place des piquets de grève. "Au printemps, il n'y a pas que la nature qui se réveille, les mouvements sociaux aussi" conclut-il "après mai 1968, je crois en un mai 2023".
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