Le Salon de l’Agriculture approche. Nos concitoyens aiment beaucoup l’idée d’une France agricole : les vaches dans les prés, les moutons au loin, les poules pour ramasser des œufs frais. C’est pourquoi tant de Franciliens et Franciliennes iront, leurs petits juchés sur les épaules, arpenter les couloirs bondés du Salon de l’Agriculture qui ouvre ses portes en fin de semaine.
Mais aiment-ils de la même façon les agriculteurs ? Rien n’est moins sûr tant ce monde leur est si souvent étranger… Savent-ils qu’un agriculteur qui prend sa retraite aujourd’hui touche à peine dans les 1.000 euros par mois après une vie de labeur, durant laquelle il a rarement pris des vacances ? J’en connais. Savent-ils que dans les années à venir notre pays connaîtra un départ massif des exploitants agricoles atteints par l’âge de la retraite et que déjà des fermes disparaissent toutes les semaines ?
Heureusement, ils sont là ces jeunes courageux qui se lancent dans l’aventure de l’installation. En dépit du coût du foncier qui augmente, en dépit d’un mode de vie rude et peu rémunérateur, ils assurent, en partie, la relève. A lire çà et là leurs témoignages, à les écouter quand on a la chance de les côtoyer, on peut qu’admirer leur enthousiasme et leur persévérance. D’autant qu’ils ont un rapport à la terre différent de leurs aînés, avec une préoccupation environnementale nouvelle. Beaucoup décident de travailler en circuits courts, de diminuer les intrants chimiques voire à se convertir au bio. Beaucoup innovent dans des modes de fonctionnement coopératifs et n’hésitent pas à faire appel aux outils numériques pour mieux gérer l’arrosage ou à équiper leur grange de panneaux solaires.
Ils viennent de différents milieux, ont connu parfois d’autres vies et la crise sanitaire a fait pousser des ailes à certains. Aujourd’hui, un agriculteur sur trois n’est pas issu d’une famille agricole. Si ces installations sont encouragées par l’État via la Dotation Jeune Agriculteur (DJA), de nombreux acteurs les aident aussi, que ce soient des coopératives ou des collectivités. Des initiatives privées les soutiennent dans une optique d’agroécologie, comme l’association Terres de liens. Des gens comme vous et moi participent ainsi de façon directe au projet d’un jeune agriculteur et, de plus en plus, d’une jeune agricultrice, puisque les femmes représentent désormais 40% des nouveaux venus. A celles-ci, à ceux-là je tire mon chapeau tant leur persévérance est indispensable à la vie des territoires, à la biodiversité, à l’autosuffisance alimentaire. Quant à nos auditeurs parisiens, ils pourront, le 6 mars, aller cheminer au plus près des brebis sur les Champs-Elysées, invités par les Folies béarnaises. Pour goûter à la vie pastorale…
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